Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/270

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Mais voici qu’un petit torrent, profondément enfoncé, et resserré entre les rochers s’élance devant nous vers l’occident. Il est évident qu’il souffre d’être emprisonné au milieu de ces donjons qui l’écrasent, car il dégringole en cascades et va se précipiter au galop au fond d’un ravin boisé. C’est le Cheval-qui-rue (Kicking horse), et jamais rivière ne fut mieux nommée.

Des pics immenses défilent à gauche. L’un d’eux, isolé, en basalte rougeâtre, ressemble à un dôme gothique, celui de Burgos, qui est moins élancé, mais plus imposant que celui de Cologne.

À Field, nous admirons le mont Stephen. Nous, l’avions aperçu et remarqué avant d’arriver à Field ; mais nous étions à jeun, et maintenant que nous avons pris un excellent déjeuner, nous sommes mieux disposés à l’admiration.

Auprès du mont Stephen qui a reçu son nom de sir George Stephen et qui l’a redonné à lord Mount Stephen, se dressent quatre ou cinq autres sommets, également remarquables, qui doivent être ses associés ; car ils ressemblent fort à des millionnaires.

L’un d’eux me paraît absorbé par des calculs très compliqués et fronce les sourcils ; mais le haut du front est serein, et en pleine lumière. Il doit se nommer Van Horne.