Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quant à nous, nous nous contentons de les regarder faire, ou bien nous allons peupler leurs manufactures des États de l’Est, qu’ils seraient obligés de fermer sans nous.

Ah ! que je reconnais bien à ce trait mes excellents compatriotes ! Nous sommes tous des idéalistes, mais nous n’avons pas le sens pratique. La politique nous passionne, le sentiment national nous exalte, mais les affaires nous laissent froids.

« Dans cette région éloignée de notre pays, nous disait M. Lynch dans une conférence récente (mars 1892) à Québec, il y a des trésors que vous ignorez et je viens vous les révéler ; il y a là des gisements d’argent et de plomb d’une richesse étonnante, et les Américains s’en emparent ; déjà, ils y ont bâti des villes, établi des lignes de bateaux, construit des chemins de fer, et ils ont acquis de grandes étendues de terrains miniers. Allez-vous vous contenter de les regarder faire ? Est-ce que votre race n’a pas la prétention d’avoir sa part de ces richesses que la Providence a semées sur votre sol ? »

Et nous avons paru lui répondre :

« Ah ! il y a là-bas sur le sol canadien de riches placers d’argent dont les Américains sont en voie de s’emparer ? Eh ! bien, tant mieux pour eux ! Ah ! ils fondent des villes dans notre pays ? Eh ! bien, tant mieux pour nous !