Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/297

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Sur le plus haut sommet de la colline, qui fait face au fleuve, le canon tonne, et l’écho des montagnes, de l’autre côté du Fraser répercute chaque détonation avec une telle force qu’on croit entendre les grondements du tonnerre. Cela s’explique ; car nous sommes dans un amphithéâtre de montagnes, et le ciel est couvert de nuages.

Quand le canon se tait, les fanfares, au nombre de cinq, font entendre leurs voix de cuivre et d’argent, et notre étonnement est grand de voir avec quel art et quel ensemble jouent ces artistes, qui sont tous sauvages.

Il se produit tout d’abord un peu de confusion dans cette foule. Mais enfin l’ordre se rétablit, les groupes se forment, et un chef Sichell, s’avançant en tête des sauvages, adresse aux distingués visiteurs un discours de bienvenue en chinook.

Le chinook est le volapük des sauvages, et presque toutes les tribus le comprennent. C’est une langue formée d’anglais, de français et de plusieurs idiomes indiens.

Mgr Brondel, qui a été missionnaire dans la Colombie pendant quatre ans, et qui parle le chinook très couramment, est chargé de répondre ; et, si j’en puis juger par l’attitude et l’impression des sauvages, il le fait avec un grand succès.