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Les acteurs et les costumes, les chœurs, les décors, tout est prêt : et tous ceux qui doivent prendre part à la procession se groupent et s’organisent au pied de la colline. J’y descends en toute hâte afin de mieux voir la marche ascensionnelle de la procession.

Enfin la cloche tinte au clocher de la chapelle, et le défilé commence.

En tête marchent les femmes, rangées sur deux lignes, et ce sont elles qui entonnent — chaque groupe dans sa propre langue — ce cantique populaire dont l’air est connu de tous, et qu’on pourrait appeler une complainte :

Au sang qu’un Dieu va répandre
Ah ! mêlez du moins vos pleurs…

Après les femmes s’avancent les jeunes filles, puis les jeunes garçons et enfin les hommes — tous formant deux lignes parallèles, et tous chantant le même air mélancolique, chacun dans la langue de sa tribu.

On serait porté à croire qu’il en devait résulter, comme ensemble, une cacophonie atroce ; mais non, et cependant, tandis que les hommes encore au bas de la colline chantaient le premier quatrain du cantique, les femmes, arrivées au sommet, poursuivaient le second quatrain de leurs voix aigües :

Puisque c’est pour vos offenses
Que ce Dieu souffre aujourd’hui,
Animés par ses souffrances
Vivez et mourez pour lui !