Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/368

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futures du Canada. Sa situation géographique, son vaste et riche territoire, les solides qualités des deux races qui l’habitent en sont le gage.

Il semble que ce soit une position dangereuse d’être placé entre deux océans, puisque les océans sont des abîmes ; mais il n’en est rien. Au contraire, cette situation est des plus avantageuses pour un pays.

Les mers sont une protection pour un peuple, parce qu’elles l’isolent dans une certaine mesure, et marquent admirablement ses frontières. Mais en même temps, elles sont des chemins, des chemins immenses qui sont toujours ouverts à tous, qui n’ont pas besoin d’être entretenus, que la circulation humaine ne peut guère obstruer, et qui peuvent livrer passage à plus de peuples que les continents n’en peuvent contenir.

Les mers sont des propriétés libres sur lesquelles aucun homme, fût-il roi, ne peut s’arrêter et dire : cette mer est à moi.

L’océan, voilà le vrai pays de l’indépendance, et dont la liberté est inaliénable. L’océan, voilà l’asile où se réfugient l’égalité et la fraternité, quand elles sont proscrites des continents. Les hommes y sont plus vraiment frères et y possèdent des droits plus égaux. Impossible pour le tyran d’y élever des murailles et des forteresses. Impossible même pour le milliardaire d’y bâtir un château et d’y enclore un domaine.