Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/42

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car le steamer Alberta, est au quai, tout près du train, et ne paraît pas disposé à nous attendre. Il chauffe et siffle comme un enragé. Nous nous embarquons donc, et vogue la galère.

Mais c’est une belle galère que l’Alberta. Il jauge 2000 tonneaux, mesure près de 300 pieds, et est éclairé à la lumière électrique. Ses cabines sont plus spacieuses que celles des steamers océaniques, et sont rangées sur le pont de chaque côté du salon et de la salle à dîner. Rien n’est plus confortable ni plus commode. La table est d’ailleurs excellente et bien servie, ce qui ne gâte rien.

L’Alberta est de plus un steamer rapide, et déroule sous nos regards des paysages variés. À gauche, ce sont des promontoires, des îles, des îlets auxquels de grands bois donnent un aspect sauvage. La plupart paraissent d’ailleurs inhabités.

À droite, c’est la terre ferme qui s’éloigne, qui devient bientôt une large barre bleue, et qui s’efface graduellement. Mais voici qu’elle reparaît et s’approche. Seulement, ce n’est plus la terre ferme, c’est la Grande île Manitouline que nous côtoyons sans nous y arrêter.

La nuit est venue, et le temps est splendide. La pleine lune éparpille sur les flots bleus ses innombrables sequins d’argent, comme un joueur prodigue jette ses pièces d’or sur le tapis vert des casinos. Quelques îles