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LE CENTURION

— Parlez encore. J’aime tant cette belle langue latine dans votre bouche ; et tout ce que vous me dites me va au cœur ! La vie ! Oui, parlez-moi de la vie. Je voudrais tant y croire quand je vois tout mourir autour de moi, les hommes et les peuples. La Grèce est morte, et Rome va mourir. Qui les ressuscitera ? Hélas ! L’homme n’est pas comme les autres êtres. La vie est partout dans la nature parce que l’amour est partout. Les arbres, les fleurs, les bêtes obéissent à la loi d’amour. Mais les hommes l’ignorent, ou la foulent aux pieds…

Faits-moi croire à l’amour, Camilla, et je croirai à la vie… — Pour toute réponse, Camilla dit : — Nous voici déjà à la porte de Damas. Cette promenade m’a bien intéressée, et je vous suis reconnaissante de m’avoir accompagnée…

Le soleil avait disparu derrière les hauteurs de Bézétha, et la haute ceinture des murailles rentrait dans l’ombre. La silhouette des tours crénelées, agrandie par la buée qui enveloppait la ville, se dessinait nettement sur le ciel encore bleu.

Plus haut, au-dessus du mont Sion, de légers nuages flottaient comme une tenture de mousseline rose.

Onkelos les regardait.

— Que cherchez-vous au firmament, demanda Camilla ?

— Je cherche la première étoile et je ne la trouve pas, parce qu’elle est sur la terre. Et je songe