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LE CENTURION

était accepté par le peuple, l’utilité de l’ancien allait cesser.

En face de ce danger imminent, l’union s’était faite entre les différentes sectes sacerdotales. Pharisiens, Sadducéens, Esséniens, profondément divisés auparavant, s’étaient coalisés. Jésus était devenu l’ennemi commun…

De son côté, la masse du peuple n’était pas disposée à renoncer au rétablissement du royaume d’Israël ; et son idéal du Messie était un roi qui réaliserait cette grande espérance nationale. Or, Jésus de Nazareth ne faisait rien pour s’emparer de l’influence et du pouvoir dans les hautes sphères du monde social et politique.

Dès lors, on pouvait prévoir que le peuple ne se dévouerait pas à le défendre contre le sacerdoce, qui distribuait les places, les honneurs et les faveurs de toutes sortes.

Il resterait plutôt spectateur de la lutte qui paraissait imminente, et il se rangerait même du côté des prêtres, si ceux-ci le soudoyaient.

Il était donc évident aux yeux des observateurs intelligents que la question messianique allait avoir une solution violente. Le sacerdoce qui avait engagé la lutte allait la poursuivre avec vigueur, et en précipiter le dénouement.

Or, le seul dénouement qui pouvait le satisfaire, parce qu’il lui paraissait définitif, c’était la mort de Jésus. En le livrant à la mort, pensaient les