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LE CENTURION

Mais bientôt les blancheurs de l’aube se teignirent de rose et se nuancèrent d’orange.

Le ciel déplia sa robe d’azur, et en trempa la frange dans le sang de Moab. Tout l’horizon rougit ; puis il s’enflamma, et la terre réveillée par l’incendie entonna la joyeuse chanson de la vie, pendant que le ciel poursuivait son éternel hosanna en l’honneur de la Divinité.

L’Homme-Dieu reprit son ascension, et arriva bientôt an sommet de la montagne. À sa gauche, au loin, la clarté matinale lui montra les murs de sa ville natale, et les champs des bergers qui l’avaient adoré dans son berceau.

Devant lui, toute la Ville-Sainte, la ville des villes, déploya ses murailles crénelées, ses bastions formidables et ses hautes tours. Il n’en était séparé que par la tranchée profonde du Cédron, qui allait se joindre au sombre ravin de la Géhenne.

Au sommet du mont Sion, il apercevait dressant leurs têtes, comme des sœurs jumelles en deuil, les tours du palais de David, et la coupole de son tombeau. Plus près, au-dessus des murailles, les rayons de l’aurore caressaient les admirables portiques de Salomon, et donnaient des reflets roses aux blanches colonnades de marbre. Les frontons s’étageaient au-dessus des frontons dans les clartés du matin, et le dôme du Saint-des-Saints couvrait les vastes édifices du Temple comme une couronne d’or et de pierres précieuses.