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LE CENTURION

Pilatus. Mais ses fils lui avaient succédé les uns après les autres, et c’était maintenant son gendre, Caïphe, qui était revêtu de la suprême dignité sacerdotale.

Au fond, c’était toujours le vieux chef de la famille qui était l’âme de la Synagogue, et qui retenait le prestige de l’autorité, s’il n’en exerçait pas de jure les fonctions.


C’était un vieil ambitieux, autoritaire, méchant, et qui appartenait à la secte des sadducéens.

Le palais qu’il habitait avec son gendre s’élevait sur le mont Sion, à quelques pas du Cénacle.

Il formait trois corps de logis renfermant une vaste cour. Celui du fond était habité par Anne ; celui de droite par son gendre, et celui de gauche abritait les serviteurs des deux familles.

La nuit était froide, et un grand feu flambait au milieu de la cour. Là se groupèrent la troupe de Judas, les soldats romains et les curieux, pendant que Jésus fut introduit dans l’appartement du vieux pontife, entouré de valets et de lévites.

De quel droit ce grand-prêtre, démis depuis 14 ans, prétendait-il commencer lui-même le procès du Galiléen ? Et comment osait-il siéger en pleine nuit quand cela était défendu par la loi mosaïque ?

C’est que le vieux fanatique, obéissant à sa haine, avait l’espoir qu’en faisant subir à l’accusé un interrogatoire préliminaire, il obtiendrait de sa bouche des aveux qui lui permettraient de préciser