Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
362
LE CENTURION

Il rentra donc dans la salle du prétoire, et se retrouva seul en face de Jésus. Il se disait en le regardant : cet homme ne peut pas prétendre sérieusement à la royauté ; et si je l’interroge moi-même à ce sujet, il va me répondre que l’imputation est ridicule. Il est trop intelligent et trop honnête pour me faire une autre réponse, et alors je le mettrai en liberté. Je ne lui demanderai pas même s’il prétend devenir roi, mais s’il est roi ; et il ne pourra faire autrement que me répondre : Non.

Au dehors, la foule haineuse et turbulente, excitée par les princes des prêtres, poussait des clameurs forcenées. Le bruit arrivait jusque dans la salle d’audience, et pour se faire entendre de Jésus, Pilatus le fit venir plus près de lui. Il l’interpella alors et lui demanda : « Es-tu vraiment roi des Juifs » ?

La réponse négative que le juge attendait ne vint pas ; car Jésus est vraiment roi, et il ne pouvait pas répondre simplement : Non. Dans l’ordre temporel, il n’était pas le roi des Juifs. Mais dans l’ordre spirituel, il est roi de toutes les nations.

Voilà ce que Jésus voudrait faire comprendre à son juge, et c’est pourquoi il commence par lui expliquer la nature de sa royauté : « Mon royaume n’est pas de ce monde. S’il était de ce monde mes serviteurs combattraient pour que je ne sois pas livré aux Juifs ; mais mon royaume n’est pas de ce mondes. »