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LE CENTURION

— « Quiconque boit de cette eau, répondit Jésus, aura encore soif — mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif. Car l’eau que je lui donnerai, ajouta-t-il, en levant la main droite vers les hauteurs deviendra en lui une source jaillissante pour la vie éternelle ! »

La Samaritaine comprit-elle quelle était cette eau vive que le Prophète lui offrait ? Évidemment non. Entrevit-elle dans ces paroles quelque vague lueur de vérité ? Peut-être. En tous cas, la pauvre pécheresse lit un acte de foi aveugle, et c’est cette foi-là qui sauve.

— Seigneur, supplia-t-elle, donnez-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour puiser.

— Va, reprit Jésus, appelle ton mari, et reviens ici. La femme rougit et répondit franchement :

— « Je n’ai pas de mari. »

— « Tu dis vrai. Tu en as eu cinq, et celui avec lequel tu vis maintenant n’est pas ton mari. »

— Seigneur ! s’écria la malheureuse, je vois que vous êtes un prophète.

Et aussitôt elle voulut l’interroger sur le fondement de la foi samaritaine, et sur la grande controverse religieuse qui divisait ses co-religionnaires des Juifs, afin de connaître cette vérité dont elle avait soif instinctivement.

— « Nos pères ont adoré sur cette montagne (elle indiquait le Garizim de la main) et vous, vous