Page:Routhier - Les hommes du jour, le cardinal Taschereau, 1891.djvu/13

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à censurer, il le fait avec mesure et modération. En même temps, toutes les œuvres utiles et qui peuvent servir la religion et la patrie peuvent compter sur son concours. Quand sa présence est requise pour rehausser l’éclat d’une démonstration, soit religieuse, soit patriotique, il se met toujours à la disposition des organisateurs, et il se prodigue avec un dévouement et une activité qui étonnent dans un homme de son âge.

Il n’est pas un orateur ; mais il parle avec simplicité et correction, et jamais pour ne rien dire.

Il écrit avec une rare pureté, sans recherche, sans viser à l’effet, mais avec goût et avec une connaissance parfaite de sa langue. Plusieurs de ses mandements et de ses lettres pastorales sont extrêmement remarquables. Le style en est clair, précis, correct, propre à ce genre de littérature, et révèle, en même temps, le docteur nourri des saintes écritures.

Mais ce qui fait la force des hommes d’Église, c’est la vertu ; et, si les hommes d’État voulaient bien essayer d’acquérir cette force-là, ils se convaincraient bientôt qu’elle pourrait suppléer à l’intrigue et même à l’argent.

On ne se fait pas, dans le monde, une idée exacte de ce pouvoir souverain que la vertu exerce. Mais le saint roi David, qui avait une grande expérience de la vie et une profonde connaissance des choses divines et humaines, paraît avoir mesuré toute la puissance de la vertu ; et il chante cette puissance dans un psaume admirable :

« Quis ascendet in montem Domini ? Qui gravira la montagne du Seigneur ? » se demande-t-il. Et il répond : « Innocens manibus et mundo corde, celui dont les mains sont innocentes et dont le cœur est pur. » Et, plus loin, le saint prophète ajoute : « Telle est la génération de ceux qui cherchent le Seigneur Dieu…

« Élevez vos portes, ô princes ; et vous, élevez-vous, portes éternelles, et le Roi de gloire entrera : Attollite portas, principes, vestras, et elevamini, portæ æternales : et introibit Rex gloriæ. »

Mais les portes éternelles ne s’ouvrent pas sans que les titres de ce Roi de gloire soient proclamés ; et c’est la voix des célestes phalanges, sans doute, qui interroge :

« Quis est iste Rex gloriæ ? Quel est ce Roi de gloire ? »

Et d’autres répondent : « Dominus fortis et potens, Dominus po-