Page:Routhier - Les hommes du jour, le cardinal Taschereau, 1891.djvu/15

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les intérêts religieux, sociaux et même purement matériels de ses enfants.

Tantôt sa parole leur enseigne la vraie doctrine sur les rapports de l’Église avec l’État, et les prémunit contre les erreurs de l’incrédulité et du libéralisme. Tantôt elle s’élève contre l’intempérance, le luxe, l’émigration aux États-Unis, la corruption électorale, les luttes acrimonieuses et les dissentions intestines. Elle prêche la conciliation et la paix, l’union des prêtres entre eux et avec leurs évêques.

Un jour, elle dénonce les sociétés secrètes, la franc-maçonnerie et toutes les organisations occultes qui ruinent la liberté du travail et suscitent la haine entre patrons et ouvriers. Un autre jour, elle enseigne aux électeurs leurs devoirs pendant les élections, définit les droits et le rôle du clergé, expose les besoins du moment, dissipe les obscurités, éclaircit les doutes, et trace même aux députés des règles conformes à l’enseignement de l’Église et aux véritables intérêts du peuple.

Quand une loi inique est votée, quand une sentence judiciaire blesse les droits et la liberté de l’Église, sa voix s’élève encore et réclame justice. Quand un journal attaque la religion ou méprise ses ministres, quand une compagnie dramatique joue des pièces obscènes, elle se fait entendre de nouveau pour condamner et proscrire.

En même temps, un patriotisme éclairé inspire et stimule son zèle apostolique ; et il ne donne pas seulement ses soins à la propagation de la foi, mais il encourage, recommande et favorise par tous les moyens à sa disposition la colonisation de son pays et l’expansion de sa race.

J’ai été particulièrement heureux, en feuilletant le cinquième volume de la collection des Mandements des Évêques de Québec, d’y trouver une circulaire privée au clergé, relative à la colonisation de la province de Manitoba.

Quand j’ai visité cette province, en septembre, 1889, j’ai regretté profondément que nos compatriotes, au lieu d’émigrer aux États-Unis, ne se fussent pas dirigés vers l’Ouest canadien et ne se fussent pas emparés de ces magnifiques et fertiles contrées. Cela me semblait un malheur au point de vue national, et je me demandais si nos évêques avaient jamais fait quelque tentative pour établir ce courant d’émigration vers l’Ouest. J’ignorais ou j’avais oublié cette patrioti-