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Page:Roux - Balzac, jurisconsulte et criminaliste, 1906.djvu/310

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BALZAC JURISCONSULTE ET CRIMINALISTE

juste du monde, la même audace de pensée et la même absence de scrupules : par là, ils s’élèvent au-dessus de la pusillanimité courante, de là leur vient leur supériorité commune, leur ressemblance de famille.

Ne nous récrions pas trop vite. Un philosophe contemporain est bien près d’admettre cette parenté. « Si la petite industrie criminelle, qui végète dans Les bas fonds de nos villes, comme tant d’échoppes où se survit une fabrication arriérée, ne fait plus que du mal, dit M. Tarde, la grande industrie criminelle a eu ses jours de grande et terrible utilité dans le passé, sous la forme militaire et despotique, et sous sa forme financière, on prétend qu’elle rend des services appréciés Où en serions-nous s'il n’y avait jamais eu d’heureux criminels, ardents à franchir scrupules et droits, préjugés et coutumes, à pousser le genre humain de l’églogue à la civilisation ?[1] »

Notre bon sens répugne, malgré tout, à adopter cette opinion !

Troppmann conduit en Alsace un de ses camarades, Jean Kinck ; il l’y empoisonne. Pour s’emparer de la fortune du malheureux, cet attentat ne suffit pas : il prépare d’avance une fosse et y ensevelit, après les avoir assassinés, la femme de sa première victime et ses six enfants. L’abbé Crozes, éperdu de tant d’audace, s’écrie : « C’est un génie ! ».

Napoléon Bonaparte, officier sans fortune, végète obscurément. L’occasion se présente sous forme de

  1. Tarde, Philosophie pénale.