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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/190

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176 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

de Vigne. Il observe qu’on pourrait, dans certains endroits, faire de l’eau-de-vie avec les baies ou fruits de la Pomme de terre, seules parties de la plante susceptibles d’une fermentation spiritueuse ; en vain y soumettrait-on les racines, l’absence de la matière sucrée deviendra toujours un obstacle au succès de cette opération[1].

« Les Pommes de terre épuisent-elles, ou non, le sol ? La culture en est-elle avantageuse à celles des grains qui leur succèdent ? Pour répondre à ces deux questions, il faut prendre en considération les différentes espèces de Pommes de terre, la qualité du terrain où on les plante, l’époque de leur plantation, la manière de les cultiver, le genre de production qu’on fait venir ensuite sur le même sol.

»… Il s’ensuit que lorsque l’on a recueilli des Pommes de terre dans des terres à froment, on peut, en fumant de nouveau, les ensemencer de ce grain ; le fumier est même quelquefois inutile, quand le sol est gras ; d’ailleurs, une expérience non interrompue de deux siècles prouve que les plus beaux prés et les champs les plus productifs de l’Irlande doivent leur fertilité à la culture des Pommes de terre.

» Le Froment et les autres grains dont nous formons la base de la subsistance journalière, n’admettent point ordinairement parmi eux des plantes d’un autre genre : du moins cette admission n’est pas exempte de reproches ; les succès que j’ai obtenus en cultivant le Maïs dans des planches de Pommes de terre auxquelles ce grain communique un ombrage salutaire et une sorte d’humidité végétative, a déterminé M. de Chancey à faire le même essai. Un arpent bêché, fumé et planté en Pommes de terre et Maïs, lui a fourni 1,005 boisseaux de tubercules, tandis que la même étendue de terrain servant de comparaison n’en a rapporté que 753, sans compter, dans le premier cas, la récolte du Maïs, dont les pieds sont devenus aussi forts et aussi vigoureux que s’ils avaient été seuls. On peut encore, en faisant succéder au Colsa, au Lin et au Seigle, les Pommes de terre, obtenir une double récolte du même champ : mais on suppose que le fond soit excellent et la température très favorable ; car dans les endroits où les gelées blanches se manifes-


  1. — On verra, dans un autre Chapitre, par quels procédés on a réussi à fabriquer de l’eau-de-vie avec les tubercules de Pommes de terre.