Aller au contenu

Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
182 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

peut même devenir la source d’un très grand bien, puisque dans tous les pays du monde, il y a des terrains absolument nuls à l’Agriculture et qui pourraient fournir à nos besoins réels. Quelle est la plante, en effet, dans la multitude innombrable de celles qui couvrent la surface du globe, plus digne de l’attention des bons citoyens, que la Pomme de terre, soit qu’on l’envisage du côté de la culture ou qu’il s’agisse des ressources alimentaires que ces racines offrent aux hommes et aux animaux pendant la saison la plus morte de l’année ; elles peuvent servir également en boulangerie, dans les cuisines et dans les basses-cours ; en un mot, il n’existe pas de végétal plus propre à commencer les défrichemens, à vérifier les terrains que la charrue ne sillonne jamais ou qui ne rapportent pas, en grains, la semence qu’on y a jetée : combien de landes ou de bruyères autour desquelles végètent tristement plusieurs familles, seraient en état de procurer la subsistance, le superflu même à beaucoup de nos concitoyens toujours aux prises avec la nécessité, et qui souvent n’ont d’autres ressources pour vivre, que le lait d’une vache ou d’une chèvre, et un peu de mauvais pain ; ces infortunés goûteraient pour la première fois les douceurs de l’abondance et, leurs foyers rendus plus sains par l’influence bienfaisante d’une plante aussi vigoureuse en végétation, ils seraient moins susceptibles des maladies qui les épuisent, et leurs enfants deviendraient plus robustes : alors, le voyageur charmé ne détournerait plus les regards de ces chaumières situées sur des champs arides, dès qu’il en verrait le sol, fécondé par la Pomme de terre, annoncer pour l’avenir de riches récoltes et un préservatif assuré contre les funestes effets de la cherté et les malheurs de la famine ».

Le Rapport suivant, qui a été lu à la Société d’Agriculture le 14 février 1788, nous fait connaître les détails et les résultats de cette culture devenue historique ; à ce titre même, ce document est précieux.


« RAPPORT SUR LA CULTURE DES POMMES DE TERRE FAITE DANS LA PLAINE DES SABLONS ET CELLE DE GRENELLE, PAR MM. THOUIN, BROUSSONET, DUMONT ET CADET.

» L’attention de M. l’Intendant de la Généralité de Paris sur tout ce qui peut encourager l’Agriculture et fournir aux gens de la