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Section IV.

Les Faux-Bourdons sont-ils en grand nombre dans une ruche ?


Le commencement du printems est la saison où les faux-bourdons sont en plus grand nombre dans une république d’abeilles, parce que c’est alors celle des essaims avec lesquels ils partent. Leur nombre est ordinairement relatif à la population des ouvrières ; plus une ruche en est fournie, plus aussi elle contient de faux-bourdons : dans les fortes ruches, il y en a jusqu’à deux mille ; les essaims nouvellement établis en ont toujours très-peu, relativement à ceux qui demeurent dans la mère-ruche d’où ils sont sortis ; leur nombre est assez communément de deux ou trois cents, au lieu que dans les mères-ruches, il y en a six à sept cents au moins.


Section V.

Dans quel tems les Faux-Bourdons commencent-ils à paroître dans une ruche ; & quand est-ce qu’ils en sont chassés ?


Les faux-bourdons ne paroissent parmi les abeilles qu’après l’hiver, lorsque la reine a fait sa première ponte, qui fournit dans son empire des individus des trois genres ; pendant tout l’hiver il n’y en a aucuns. M. de Réaumur, qui a examiné quantité de ruches dans cette saison, n’en a jamais trouvé un seul. Pendant la belle saison, les abeilles les laissent paisiblement habiter avec elles, à cause du genre d’utilité dont ils sont pour la république. À la fin de l’été, leurs services sont inutiles, & nos ouvrières ne sont pas d’humeur à voir consommer leurs provisions par des membres de leur société, qui n’ont point contribué par leur travail, à les augmenter : elles prennent le parti de les chasser ; mais où iroient-ils pour trouver l’abondance qu’ils ont dans l’habitation d’où on les exile ? ils s’obstinent à vouloir demeurer, en refusant de se soumettre à l’exil auquel on les condamne : les abeilles, alors, qui sont en plus grand nombre, armées d’un bon aiguillon, s’en servent avec avantage, & font un carnage affreux de tous les faux-bourdons qui sont parmi elles, & de ceux qui, chassés aussi des autres ruches, ont la hardiesse de se réfugier dans leur domicile.


CHAPITRE II.

Des Abeilles Ouvrières.


Section première.

Description des Abeilles Ouvrières.


La tête, le corselet, le ventre sont les principales parties dont le corps & l’abeille, qui est dans la classe des mouches à quatre ailes, est composé. (Fig. 3, Pl. 1) La partie supérieure de sa tête est applatie & arrondie, & l’inférieure aiguë ; en sorte qu’elle est presque triangulaire. Les deux yeux, d’une figure convexe & ovale, qui sont à réseaux ou à facettes, sont placés sur les côtés de la tête, en forme de croissant ; le bout de l’ovale qui descend à l’origine des mâchoires, est aigu, & celui qui est à la partie supérieure de la tête, est arrondi. Rien n’est aussi beau, aussi brillant, que toutes les facettes dont ils sont composés, chacune est un œil dont le cristallin a