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ment de la synovie, & le racornissement des capsules, sont les deux choses qui soient susceptibles de guérison.

Les remèdes qui nuisent le plus dans ces maladies, sont les cataplasmes & les émolliens, les emplâtres & les onguens ; & ce sont précisément ces médicamens dont on se sert le plus ordinairement. Les émolliens & les cataplasmes nuisent en ce qu’ils facilitent davantage le développement des capsules & l’épanchement de la synovie ; les emplâtres & les onguens les plus vantés par l’ignorance & le charlatanisme, ou par un zèle aveugle non moins dangereux, altèrent la peau, l’enflamment ; l’inflammation passe dans les capsules, & les désordres ne font qu’augmenter.

Il faut cependant employer des topiques & des remèdes intérieurs ; on sentira aisément que si l’ankilose est la suite d’impuretés dans le sang, il faut combattre ces impuretés par les médicamens qui leur sont propres, avant d’attaquer l’ankilose, sans quoi les médicamens les mieux indiqués échoueroient.

Parmi les médicamens qui sont propres à guérir les ankiloses, les eaux minérales, prises intérieurement, & les boues de ces eaux appliquées en topique sur l’ankilose, sont ceux que l’expérience a prouvés être les meilleurs. Nous avons en France plusieurs de ces eaux, en faveur desquelles l’expérience a prononcé d’une manière victorieuse ; celles du Mont-d’Or en Auvergne, de Luxeuil en Franche-Comté, celles de Bourbonne, celles de Saint-Amand en Flandre, & celles de Barège en Bigorre, sont celles qu’il faut préférer. On baigne le malade dans ces eaux, on lui en fait boire, on applique sur l’ankilose les boues de ces eaux, & on fait des douches sur la partie malade avec ces mêmes eaux.

Ces moyens dispendieux à cause du déplacement qu’ils exigent, ne peuvent être employés par les malheureux, en faveur desquels nous écrivons, & il faut avoir recours à l’art pour imiter ces eaux.

On imite assez bien celles de Barège, en mêlant le sel marin & l’héphar sulphuris, ou foie de soufre, ce dernier à demi-dose du sel, & quelques plantes aromatiques ; on met le membre ankilosé dans cette eau factice, on fait des douches avec cette même eau ; & pour imiter les boues, on prend le litontrax dont se servent les maréchaux, que l’on arrose avec l’eau minérale factice.

Il faut cesser l’usage de ces moyens si la fièvre survient accompagnée de l’inflammation de l’ankilose.

L’ankilose vient aussi quelquefois de sucs amassés par l’immobilité dans laquelle l’articulation a demeuré à la suite des crises d’autres maladies : on emploie alors des résolutifs, tels que les décoctions de scrophulaire, aigremoine, persicaire, jusquiame & morelle, qu’on aiguise avec des alcalis ; on les applique chauds, on change plusieurs fois par jour ; on frotte encore l’ankilose avec des huiles qu’il faut animer avec l’esprit de vin, car seules elles nuiroient beaucoup, comme nous l’avons démontré plus haut. S’il y a empâtement dans la tumeur, on applique un séton, ou un emplâtre de vésicatoires ; le sel de cantharides