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employer tous les moyens propres à empêcher son évaporation, ce que l’on obtiendra en bassinant avec des décoctions d’aristoloche, d’iris de Florence, d’absynthe, de menthe & de camomille. On emploie encore avec succès, pour rétablir le mouvement vital près de s’éteindre, l’eau-de-vie camphrée, la teinture de myrrhe & d’aloès ; mais rien n’est au dessus du quinquina en décoction pour laver les plaies & pris intérieurement. Dans les ulcères, l’onguent styrax sur un plumaceau, & par-dessus une compresse trempée dans la décoction de quinquina. Si cette putréfaction vient de ce que le malade est grand mangeur, souvent un vomitif & un purgatif administrés à tems, ont prévenu des suites qui auroient pu devenir funestes, parce que l’estomac & les intestins, chargés de matières indigestes, alimentoient toujours la putridité externe.

Les moyens dont nous venons de parler, excitent une inflammation qui fait naître une bonne suppuration, & cette suppuration rétablit la partie qui commençoit à se gâter, & détache celle qui ne peut pas se rétablir. Il faut bien se garder de faire usage de ces remèdes dans le tems que l’inflammation est vive, car on feroit naître précisément tout ce qu’on redoute ; c’est aux gens de l’art à diriger ce traitement.

Troisième degré de la putréfaction. Ce troisième degré se nomme gangrène. Tous les symptômes énoncés plus haut augmentent, le froid, la mollesse & l’insensibilité de la partie croissent ; elle prend une couleur livide & noire, l’odeur qui s’en exhale est fétide : quelquefois aussi, dans une espèce de gangrène connue sous le nom de gangrène sèche, la partie se durcit & se racornit ; & si c’est un ulcère, il creuse dans les chairs, & les bords qui étoient enflammés noircissent. Dans cet état malheureux, les solides sont dans le relâchement le plus complet, les fluides dissous & corrompus sont extravasés, l’organisation de la partie est détruite, le mouvement vital aboli, & il est impossible de rappeler la partie à la vie ; il ne reste d’autre ressource, que d’empêcher les progrès de la gangrène sur les parties saines qui avoisinent celles qui sont gangrenées ; & pour y parvenir, il faut solliciter une inflammation autour des parties gangrenées, afin de faire détacher tout ce qui est corrompu. On se sert alors de médicamens irritans, le sel ammoniac, les cendres gravelées, l’eau phagédénique, l’onguent égyptial, & la pierre à cautère sur-tout, remplissent ces indications : on a vu employer avec succès le feu. Si la gangrène est profonde, on fait des scarifications jusqu’au vif ; on facilite la sortie de toutes les matières putréfiées, & l’entrée aux médicamens actifs. On donne aussi des cordiaux pour soutenir les forces, & les antiseptiques internes, comme nous l’avons dit plus haut, à la tête desquels nous plaçons les décoctions de quinquina.

Quatrième degré de la putréfaction. On donne au quatrième degré de la putréfaction, le nom de sphacèle, ou mort d’une partie dans un animal vivant. La chaleur, le mouvement & la sensibilité, sont entiérement éteints, la couleur de la partie est noire, l’odeur qui en sort est cada-