Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/646

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les interstices des fibres, & se transforme en solide. Cette humeur est, d’un côté, ce gluten que Haller a regardé comme le principe de la fibre ; & de l’autre, le mucus séveux auquel l’écorce & la partie ligneuse doivent leur formation. Elle est le produit de la lymphe animale & du suc végétal qui ont tant de rapports, non-seulement dans leur manière d’agir, mais encore par leur nature & leurs principes constitutifs. L’un & l’autre d’un goût sucré, susceptibles de fermentation, solubles dans l’eau, d’un caractère légèrement salin, se retrouvent dans la partie gélatineuse animale, comme dans les substances farineuses, & dans les gommes des arbres. Cependant, il faut avouer que la digestion animale élabore bien plus précieusement la lymphe. L’analyse démontre évidemment que les fibres animales & végétales sont le produit de la lymphe & du suc séveux, car les os eux-mêmes reprennent leur première forme gélatineuse dans la machine de Papin, & le papier n’est qu’un mucilage extrait par la trituration seule de l’écorce des plantes. Dans l’os ne trouve-t-on pas encore le périoste analogue à l’écorce, des couches concentriques comme dans le tronc, & une moelle dont les productions parviennent jusqu’à l’écorce ? L’os croît comme l’arbre ; M. Duhamel a rougi les os d’une poule en la nourrissant avec de la garance ; M. Bonnet a coloré les fibres des plantes en les faisant tremper dans des liqueurs colorées. L’un & l’autre se nourrissent par l’incorporation des sucs qu’ils s’approprient à leur passage dans la masse des humeurs. L’œuvre essentielle de la nutrition dans l’animal, commence à l’introduction faite par les orifices dont tout le canal des intestins est parsemé. Tout être vivant dont les alimens se trouvent presque tous préparés, qui sont fluides & aqueux, n’a pas besoin de bouche, d’estomac, & d’intestins. C’est précisément ce qui arrive dans les végétaux. Leur nourriture se trouve élaborée en grande partie dans la terre & dans l’air ; il ne restoit donc à la nature qu’à leur donner des canaux, & multiplier les pores sur toutes leurs surfaces ; aussi les feuilles, les branches & les racines en sont-elles couvertes.


Transpiration.

Le suc nourricier portant de tout côté la vie & l’accroissement, est composé de deux fluides, l’un qui nourrit, l’autre qui en est le véhicule ; la partie fibreuse du sang est promenée par la partie aqueuse, & le suc de la plante par la partie lymphatique. Les deux premières, fixées dans les interstices des fibres, déposées dans les glandes, forment les nouveaux solides, tandis que les deux dernières inutiles à la nutrition, & pouvant devenir nuisibles par leur nature putrescible, s’échappent par les pores dans l’acte de la transpiration sensible & insensible. L’expérience prouve combien elle est abondante dans les plantes ; le soleil (corona solis) transpire dix-sept fois plus que l’homme, en raison de sa surface. Si l’on analyse la sueur, on la trouvera composée de sel, d’eau & d’huile qui porte avec elle une odeur qui lui est propre. C’est à cette émanation que les