Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/695

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’argile, & il ne faut pas espérer que cette combinaison soit l’ouvrage de deux ou trois labours. Si le propriétaire est assez riche pour faire défoncer le terrain à la bêche, à la houe, &c. la chose est bien différente : ces instrumens soulèvent peu de terre à la fois, brisent les mottes, & mêlent le sable avec les portions terreuses : alors les pluies & les gelées complètent la combinaison. Le meilleur sable pour cette opération, est celui qui se rapproche le plus par sa qualité, du sablon ou sable de grès, parce qu’il est sec, pur, & dès-lors très-susceptible de s’incorporer avec l’argile ; il convient de le mêler avec des retailles de pierre, ou avec du petit gravier. Le cultivateur a été engagé, par la difficulté de se procurer du sable, à recourir à un autre moyen ; c’est celui de brûler la croûte de son champ.

5o. Des brûlis. Dans les pays bien boisés, & sur-tout dans ceux où la difficulté du transport laisse peu d’avantage pour le débit, le brûlis est facile à exécuter. Il n’en est pas ainsi dans les provinces méridionales ou circonvoisines des grandes villes. La consommation du bois y est prodigieuse, & le luxe l’accroît de plus en plus. C’est le cas alors de recourir aux bruyères, aux joncs, aux genêts, aux fougères, aux touffes de joncs, de roseaux ; en un mot, à toutes les matières combustibles les plus faciles à se procurer, & les moins coûteuses.

La manière de calciner l’argile pour s’en servir comme engrais, est donnée dans le Journal économique du mois de Mars, de l’année 1762, & nous allons la décrire. Elle renferme tout ce qu’on doit connoître sur cette opération faite en grand.

Marquez une pièce de terrain de 42 pieds de longueur, & de vingt-deux de largeur ; tirez sur le terrain que vous aurez marqué au cordeau, neuf petits canaux, à quatre pieds les uns des autres, & de seize pieds de longueur. La surface intermédiaire sera mise de niveau, & on formera ces canaux de six pouces de largeur, sur autant de profondeur, & ainsi ils seront à quatre pieds les uns des autres, & la surface qui les sépare sera égalisée & rendue unie.

À travers ces petits canaux, pratiquez-en quatre autres à quatre pieds les uns des autres, & on les creusera sur la même largeur & profondeur que les premiers. Mettez le gazon & la terre que vous couperez en faisant ces tranchées, dans le milieu des quarrés qui sont marqués par ces fossés, & ensuite vous couvrirez les tranchées même avec des tuiles épaisses, ou avec des briques.

On les laissera ouvertes aux endroits où elles se traversent, car ces parties doivent servir d’autant de cheminées ; mais par-tout ailleurs on les couvrira le plus exactement que faire se pourra.

Tirez une partie de la terre sur les briques ou tuiles, pour les assurer dans leur place, & ensuite élevez une espèce de muraille entre chaque deux tranchées, avec du gazon sec ; elle doit avoir trois bons pieds de hauteur, mais elle ne demande pas plus d’épaisseur qu’il n’en faut pour contenir les gazons ensemble.