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chardon-roland, de la garance, du câprier & du chiendent.

Usages. Dioscoride & Mathiole vantent beaucoup l’usage de la racine pour guérir de la pierre & pousser les sables par les urines, & sur-tout lorsque les uns ou les autres occasionnent des coliques néphrétiques. Il seroit à desirer que cette racine jouît d’un tel avantage ; &, sans erreur, on peut révoquer en doute cette vertu. On se sert plus efficacement de la décoction des feuilles, en gargarisme, pour les maux de gorge & l’enflure des gencives par le scorbut. La dose des feuilles sèches est depuis demi-drachme jusqu’à demi-once en infusion dans six onces d’eau, & la racine depuis demi-once jusqu’à une once en infusion dans la même quantité d’eau, dans les tisanes apéritives. Pour les animaux, la dose est d’une à deux onces sur une livre d’eau.

L’Ononis pour la décoration des jardins est appelé ononis fruticosa par le chevalier Von Linné. Cet arbrisseau croît naturellement dans les montagnes du Dauphiné. Ses fleurs sont disposées en panicule ; les péduncules portent trois fleurs ; les stipules sont en manière de gaine ; les feuilles arrangées trois à trois sur le même pétiole, en forme de lance, découpées sur leurs bords en figure de scie. Il n’est point épineux, & ses fleurs sont de couleur rose tirant un peu sur le rouge. Les siliques sont mûres au mois de Septembre, & c’est le tems de les cueillir pour les semer en Mars dans de petites caisses.

Garnissez le fond de ces caisses d’une couche de gravois ; jettez-y ensuite un mêlange, par parties égales, de terre de haie ou de prairie défrichée, mêlée de terreau consommé, & d’un peu de moellon de brique, afin que ce mélange ne s’affaisse pas trop, & remplissez la caisse jusqu’à ce que le tout déborde de cinq lignes. Telle est la proportion de la caisse entiérement garnie ; mais avant de la combler, enterrez les graines à un demi-pouce de profondeur, & recouvrez comme il a été dit. Les caisses seront enterrées dans une couche tempérée, & il ne faut pas trop les ombrager ni les arroser. La seconde année on mettra les petits arbustes un à un dans des pots, & au bout de deux ans on les tirera avec la motte pour les planter à demeure. C’est ainsi que M. le Baron de Tschoudi est parvenu à les élever. On peut encore multiplier cet arbuste par le secours des marcottes, en les faisant au mois de Juin.

Fin du Tome Premier.