Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/458

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feuille dont le pétiole le recouvre, le bouton ne fait plus que languir, rarement réussit-il, presque toujours il dépérit & meurt.

À mesure que la saison avance, le bouton croît & grossit, les écailles ou enveloppes s’étendent ; & la séve, s’établissant un cours fixe vers la nouvelle production, les lames intérieures de l’écorce se prolongent pour former toutes les parties extérieures du bouton, tandis que les rudimens du germe qui doit devenir ou bois, ou fleur, prennent naissance. Tout se travaille à la fois ; la base qui doit supporter le bouton, ce petit bourrelet que l’on remarque à son insertion sert à préparer & à élaborer les sucs que la séve y dépose, & qui doivent servir à la nourriture de l’embryon après la chûte de la feuille, sa mère-nourrice. C’est un réservoir où la nature tient alors en dépôt les provisions nécessaires.

Le bouton tient à la tige, non-seulement par ses enveloppes extérieures, mais encore par une espèce de racine qui pénètre à travers les fibres mêmes de la branche. Ce petit cordon ombilical est l’organe direct par lequel il tire sa nourriture de la branche & du tronc ; il est même assez sensible dans l’hiver & à l’entrée du printems. Rompez alors un bouton, vous remarquez à sa base l’orifice d’un petit canal médullaire, ou pour mieux dire, un paquet de fibrilles qui forment un faisceau absolument analogue à une racine.

La séve ascendante, apportée par la tige, est communiquée par ce cordon ombilical dont nous venons de parler ; la séve descendante fournie de loin par les feuilles, médiatement par les enveloppes qui sont les prolongations des couches corticales, & de près, & immédiatement par la feuille mère-nourrice, poussent en avant le bouton, & développent toutes ses parties ; il acquiert de l’accroissement en longueur & en largeur. Toutes les circonstances qui concourent à l’accroissement végétal, influent nécessairement sur celui du bouton ; & si tous les boutons d’une même branche ne se développent pas à la fois, cela dépend de leur position sur leur jet. Cette observation est due à M. Bonnet de Genève. C’est à la différence de chaleur qu’il faut attribuer ce phénomène, car en considérant au printems des jets de plusieurs espèces d’arbres & d’arbustes, situés parallèlement à l’horizon, il a observé que les boutons de ces jets s’épanouissoient d’une manière fort inégale, quoique régulière. Les boutons placés à l’extrémité du jet, ainsi que ceux qui étoient situés sur son côté supérieur, étoient plus développés que ceux qui étoient placés vers l’origine du jet & sur son côté inférieur. Si l’on donne à ces jets une position contraire, on parviendra par-là à hâter le développement des boutons les moins avancés. Il est encore certain qu’il sort plus de boutons sur le côté d’une plante exposée au soleil, que sur celui qui n’est jamais favorisé des regards de cet astre. Nous croyons, avec le savant observateur que nous avons cité, que cette remarque peut devenir utile à la pratique du jardinage.

IV. Anatomie du bouton en général.