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très-fournis ; 2o. les coutres en entrant dans la terre à cinq ou six pouces de profondeur, coupent nécessairement beaucoup de racines, ce qui leur en fait produire de nouvelles qui poussent avec plus de vigueur que les anciennes ; 3o. la partie humide des fumiers trouve des ouvertures pour s’insinuer dans la terre, & aller porter aux plantes des sucs qui rendent leur végétation plus abondante. Il n’y a plus d’évaporation à craindre, parce que l’eau de la pluie ou de la neige qui délave le fumier, ne reste plus sur le gazon, mais elle entre dans la terre par les fentes qu’on y a faites en passant la charrue à coutres sans soc.

QUATRIÈME PARTIE.

De l’attelage des Charrues ; manière de les conduire et d’exécuter les différens labours pour lesquels on les emploie, &c. &c.

CHAPITRE PREMIER.

Quels sont les animaux qu’on emploie le plus ordinairement à l’attelage des Charrues ? Quels sont ceux qui peuvent être plus utiles, & quelle est la meilleure manière de les atteler ?

L’attelage des charrues, selon les différentes coutumes locales, est composé, assez ordinairement, de chevaux ou de bœufs, ou de mulets. Dans les pays où la terre est sablonneuse, friable, une charrue très-légère n’est souvent tirée que par deux ânes. Cette sorte d’attelage est fort commune dans la Calabre & la Sicile ; mais il faut convenir que les ânes y sont aussi forts que nos bons mulets d’une taille moyenne : d’ailleurs le terrein est si fertile dans ces contrées, qu’il a besoin de peu de culture pour produire d’abondantes récoltes.

Dans plusieurs endroits de la Campagne de Rome, la plus grande partie des terres est labourée par des buffles : quand on parvient à les dompter & à les accoutumer au joug, il n’y a pas d’attelage dont on puisse retirer autant de service pour donner une bonne culture aux terres : un travail pénible & difficile ne les rebute point ; jamais ils ne refusent de tirer, à moins que les obstacles qu’ils ont à surmonter ne soient au-dessus de leurs forces. On les conduit avec des rênes attachées à un anneau qui pince la séparation de leurs narines. C’est aussi de cette manière qu’on conduit les bœufs, soit à l’attelage, soit au tirage des charrettes.

Anciennement on n’employoit point les chevaux à la culture des terres ; on faisoit tous les labours & tous les travaux relatifs à l’agriculture, avec des bœufs. Cette méthode est encore en usage dans une grande partie de l’Italie ; mais dans nos provinces, il y en a où il seroit difficile de trouver un ou deux attelages de bœufs. Les chevaux & les mulets font l’ouvrage plus promptement ; c’est, sans doute, ce qui les a fait préférer pour les travaux de la campagne : le bœuf, au contraire, dont la marche est plus lente, n’expédie pas aussi vîte le travail qu’on lui impose ; mais aussi son labour est plus uniforme, & cet avantage dédommage bien du temps qu’il