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le bois ; les verres ne pouvant suivre leurs différentes courbures, se fendent & éclatent. Le châtaignier, une fois bien sec, n’a pas le défaut de se déjeter. Voyez au mot Caisse, la manière de préparer & de passer les bois en couleur.

Les Hollandois, amateurs de tous les genres de végétaux utiles & curieux, & singulièrement attentifs à perfectionner les individus, ont imaginé cette espèce de serre chaude ; les Anglois les ont imité, & le reste de l’Europe s’est modelé sur leur exemple. Ces deux nations ont à combattre contre une humidité presque perpétuelle : la chaleur de l’été, dans leur climat, n’étant pas assez active pour répondre à leurs soins, ils ont été obligés de chercher les moyens de concentrer, de retenir la chaleur, & de soustraire les plantes précieuses à l’humidité surabondante qui commence par les faire jaunir, & les conduit insensiblement à la pourriture.

De la manière de construire les châssis. Ils sont composés de la caisse & des panneaux à vitres.

De la caisse. La longueur est indéterminée, & doit être proportionnée aux besoins. Il n’en est pas de même pour la largeur : le jardinier placé devant la caisse A, Fig. 1, doit toucher facilement avec la main, le côté opposé. Ainsi la largeur sera de trois pieds & demi, & quatre pieds au plus ; la hauteur depuis trois jusqu’à quatre pieds sur le devant, & cinq pieds ou cinq pieds & demi sur le derrière. Je conviens que ces proportions ne sont pas généralement adoptées, & que pour l’ordinaire, ces caisses sont tenues plus basses, parce que l’on creuse en terre pour donner de la profondeur, & la fosse est remplie de fumier. Cette méthode, quoique la plus usitée, a les inconvéniens dont je parlerai.

Tous les bois qui concourent à former la caisse doivent avoir au moins deux pouces d’épaisseur ; chaque planche doit être emboîtée à rainures BBB sur toute sa longueur, & à queue d’aronde dans ses extrémités. Ces précautions sont de rigueur, parce que la chaleur & l’humidité font singulièrement travailler le bois. Les personnes prudentes font encore garnir les angles avec des bandes de fer fortement clouées.

Des vitreaux. On multiplie les panneaux CCC suivant la longueur de la caisse. Ces panneaux ou châssis ne doivent pas avoir plus de trois pieds & demi de largeur ; à quatre pieds ils commencent à être embarrassans & lourds à soulever, à moins qu’on ne fixe une corde en E, & que passant ensuite par une poulie attachée contre un mur, ou un pied droit, on ne soulève le châssis à l’aide de cette corde. Si chaque carreau de vitre avoit son cadre en bois, comme dans les châssis de nos fenêtres, l’eau des pluies s’écouleroit difficilement, & pénétreroit dans la couche. Pour éviter cet inconvénient, les liteaux qui soutiennent les vitres, sont placés sur la longueur du châssis de haut en bas : garnis d’une rainure, ils reçoivent la vitre & la supportent, de manière que l’extrémité inférieure de chaque vitre est placée en recouvrement sur la vitre qui vient après, de la même façon que les ardoises ou les tuiles plates sont placées sur nos toits.

Il y a deux manières de retenir & de fixer ces vitres. La première