Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/164

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pupille qui, dans l’obscurité, est ronde & large, devient, au grand jour, longue & étroite comme une ligne ; la prunelle alors se ferme si exactement qu’elle n’admet, pour ainsi dire, qu’un seul rayon de lumière. Le chat voit donc très-peu le jour, &, au contraire, beaucoup la nuit, parce que sa pupille dilatée extrêmement, recueille une très-grande quantité de rayons lumineux qui, quoique foibles, isolés, réunis tous ensemble, lui donnent la facilité de pouvoir distinguer & surprendre sa proie. La multiplicité des rayons supplée à la force qui leur manque. 3o. Le chat a un goût décidé pour les odeurs ; il aime les parfums, & flatte volontiers les personnes qui en portent. Il recherche avidement les plantes qui ont une odeur forte ; il se frotte contre leurs tiges, & à force de passer & de repasser dessus, il la fait bientôt périr. De toutes les plantes, celles qu’il affectionne le plus paroît être l’herbe aux chats, ou cataria nepeta vulgaris, & le teucrium marum, qu’on est obligé de conserver sous un treillage fermé, si on veut les cultiver dans les jardins.

4o. La dernière propriété que le chat possède éminemment, c’est la faculté d’être électrique, c’est-à-dire, de donner des étincelles électriques, lorsqu’on le frotte avec la main. Quoiqu’il partage cet avantage avec beaucoup d’animaux, comme le cheval, la vache, le veau, &c. cependant il l’emporte sur eux par la multiplicité & la vivacité des étincelles électriques que son poil laisse échapper. (Voyez Électricité)

Nous n’avons pas fait un tableau bien flatteur du chat ; son caractère à demi-sauvage, indocile, voleur & traître, ne pouvoit pas fournir des couleurs agréables. Mais la nécessité nous force d’avoir recours à cet animal ; nous en avons besoin perpétuellement ; pardonnons-lui donc ses défauts, en faveur de ses services. Ne comptons sur son attachement qu’autant que nous le traiterons bien, que nous souffrirons ses caprices, que nous lui laisserons l’usage entier de sa liberté. Vivons avec lui comme avec un voleur adroit & déterminé, & fermons avec soin tout ce qui peut le tenter. Accusons notre négligence de ses dégâts : nous connoissons son amour pour la rapine ; c’est donc à nous à nous en garantir. Mais que les greniers, les granges, les celliers, les fruitiers, les jardins lui soient ouverts, & nous verrons bientôt diminuer le nombre de ces petits animaux malfaisans qui vivent à nos dépens. Pour le forcer à une guerre continuelle, ne lui donnez à manger que rarement ; le besoin & la faim l’empêcheront de s’abandonner à cet état de paresse & d’indolence, où l’abondance de tout conduit nécessairement & les animaux & l’homme. Si vous aimez la chasse, & que vous ayez près de vous une garenne, ou des prés qui renferment des nids de perdrix, tuez impitoyablement tous les chats maraudeurs, sans quoi vous verrez bientôt votre garenne dépeuplée, & l’espérance de vos plaisirs absolument détruite. M. M.

Chat Putois. (Économ. Rur.) Animal carnassier & dangereux, plus connu sous le nom de putois. (Voyez ce mot) M. M.