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mot espèce, pour connoître la différence que nous faisons des espèces naturelles, & des espèces jardinières.)

I. Châtaignier sauvage ou des bois, désigné ainsi par Bauhin. Castanea silvestris, quæ peculiariter castanea. Cette espèce sauvage ne seroit-elle pas le type de toutes les espèces jardinières, cultivées en Europe ? Il y a tout lieu de le présumer.

II. De cette espèce dérive le châtaignier à feuilles en forme de lance, à dentelures aiguës, unies par dessous ; & c’est le châtaignier commun. Castanea foliis lanceolatis acuminato serratis, subtus nudis. Miller.

III. Châtaignier à feuilles ovales, en forme de lance, à dentelures aiguës, velues par dessous, & à chatons minces & noueux. Castanea foliis lanceolato-ovatis acute serratis, subtus tomentosis, amentis filiformibus nodosis. Miller.

IV. Châtaignier à feuilles ovales, oblongues, à très-gros fruits ronds & épineux. Castanea foliis oblongo-ovatis, serratis fructu rotundo maximo echinato. Miller.

V. Petit châtaignier à grappes. Castanea humilis racemosa. Bauhin. Il est assez inutile de cultiver cette espèce, son bois sert tout au plus à brûler ; son fruit est de la grosseur d’une noisette, & d’un goût peu agréable.

VI. Châtaignier à feuilles panachées. Plus du ressort des amateurs que des cultivateurs. L’origine de la panachure tient à une maladie de l’arbre qui a toujours l’air languissant, & ne végète pas aussi bien que les autres. La rareté ou l’air de singularité fait tout son mérite, si c’en est un aux yeux de celui qui aime la simple nature, que d’avoir un air souffrant. On multiplie cette variété par la greffe.

Le châtaignier de Virginie, ou le chinkapin. Je copie cet article & le suivant du Dictionnaire Encyclopédique, où l’on rapporte ce que Miller dit dans son Dictionnaire, parce que je n’ai jamais vu les deux arbres dont il est question.

« Le chinkapin, quoique très-commun en Amérique, est encore fort rare, même en Angleterre, où cependant on est si curieux de faire des collections d’arbres étrangers. Ce n’est pas que cet arbrisseau soit délicat, ou absolument difficile à élever, mais sa rareté vient du défaut de précautions dans l’envoi de ses graines qu’on néglige de mettre dans du sable, pour les conserver pendant le transport. Le chinkapin s’élève rarement en Amérique à plus de seize pieds, & pour l’ordinaire il n’en a que huit ou dix ; il prend par proportion plus de grosseur que d’élévation : on en voit souvent qui ont plus de deux pieds de tour. Il croît d’une façon fort irrégulière ; son écorce est raboteuse & écaillée ; ses feuilles d’un verd foncé en dessus, blanchâtre en dessous, sont dentelées & placées alternativement ; elles sont beaucoup plus petites que celles de notre châtaignier ; les châtaignes sont d’une figure conique, de la grosseur des noisettes, de la même couleur & consistance que les autres châtaignes. L’arbrisseau les porte par bouquets de cinq ou six, qui pendent ensemble, & qui ont chacune leur enveloppe particulière.