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Il y a plusieurs manières d’éteindre la chaux : la plus commune est de former une espèce de bassin avec du sable, proportionné à la quantité de chaux à éteindre. On y jette la chaux pellées par pellées, & de l’eau en proportion, de manière que la chaux soit perpétuellement environnée d’eau : un ouvrier, armé d’un broyon, remue & agite, de temps à autre, afin que la masse soit bien divisée, bien pénétrée par l’eau, & afin d’en retirer les pierres qui n’ont pas été calcinées, qui ne peuvent s’éteindre. Lorsque le bassin est rempli, on couvre le tout avec du sable, jusqu’à ce qu’il ne reste plus de chaleur à la masse.

Au mot Bleton on trouvera la description d’une autre manière d’éteindre la chaux.

Le lait de chaux, ou la chaux coulée, se fait de la manière suivante. On a un grand bassin de bois ou de pierre &c. placé au-dessus de la fosse qui doit recevoir le lait de chaux. On jette la chaux vive dans ce bassin & de l’eau continuellement, de manière que le lait de chaux coule continuellement dans la fosse. Un manœuvre tient un long manche dont le bout est garni d’une planche mise de champ, & agite sans cesse la matière délayée dans le bassin, de sorte que les corps étrangers ou non éteints restent au fond de ce bassin & ne se mêlent pas avec le lait de chaux de la fosse, qui forme ce qu’on appelle la chaux grasse. Quoique cette méthode soit celle dont on se sert pour les grandes entreprises, je préfère la première, parce qu’on est maître de ne donner que la quantité d’eau convenable, au lieu que celle-ci exige une surabondance d’eau extraordinaire.

D’autres font des monceaux de chaux vive, qu’ils recouvrent avec du sable, & ensuite arrosent ce sable jusqu’à ce que l’eau ait pénétré toute la masse de chaux ; ce que l’on connoît en y enfonçant à divers endroits un bâton. Si on sent de la résistance, on ajoute de nouvelle eau. Le sable empêche la fumée de s’échapper & d’entraîner avec elle les principes constituans de la chaux. Cette méthode mérite qu’on y fasse la plus grande attention. La chaux exigera beaucoup plus d’eau pour être convertie en mortier, & ce mortier se durcira plus promptement que celui des deux premières méthodes. On l’appelle chaux étouffée.

M. de la Faye, qui s’est beaucoup occupé de la recherche des préparations que les romains donnoient à la chaux, indique la manière suivante pour l’éteindre … Vous vous procurerez de la chaux de pierre dure & qui sera nouvellement cuite ; vous la ferez couvrir en route, afin que l’humidité de la pluie ne puisse la pénétrer. Vous ferez déposer cette chaux sur un plancher balayé, dans un endroit sec & couvert : vous aurez dans le même lieu des tonneaux secs, & un grand baquet rempli jusqu’aux trois quarts d’eau de rivière ou d’une eau qui ne soit ni crue ni minérale.

Il suffira d’employer deux ouvriers pour l’opération, l’un, avec une hachette, brisera les pierres de chaux, jusqu’à ce qu’elles soient toutes réduites à peu près à la grosseur d’un œuf ; l’autre prendra avec une pelle, cette chaux brisée & en remplira à ras seulement un panier plat & à claire voie, tel que les ma-