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promptement les substances animales ; mais en accélérant la décomposition elle augmente & développe, d’une manière surprenante, les exhalaisons putrides, en s’unissant avec l’acide animal. Alors l’alcali volatil, devenant plus libre, entraîne avec lui la fétidité des vapeurs, & la répand dans l’atmosphère. Il vaut beaucoup mieux, dans ces circonstances, allumer des feux à flamme claire & légère, on obtient l’effet désiré & plus promptement & plus surement. Au mot Méphitisme nous entrerons dans de plus grands détails.

Si on unit à dose égale, dans un flacon ou tel autre vaisseau fermé, de la chaux vive & du sel ammoniac, tous deux en poudre, on obtient, après une légère agitation, un esprit alcali volatil très-pénétrant, très-subtil, dont l’activité égale presque celle des gouttes d’Angleterre, & elle ne se conserve pas aussi long-temps ; mais comme ce mélange est aussi prompt que facile à faire, ceux qui aiment ces esprits, peuvent avoir chez eux de la chaux vive dans un flacon, & du sel ammoniac dans l’autre. Au besoin, on mêle ces deux substances, & on s’en sert dans le moment même. Ces esprits sont utiles dans les syncopes, dans les défaillances de cœur ; on les fait respirer au malade : j’aime mieux, dans ces cas, faire respirer du vinaigre bien spiritueux.


CHÉLIDOINE ou l’Éclaire. (Voyez Pl. 6) M. Tournefort la place dans la sixième section de la classe cinquième, qui comprend les herbes à fleur de plusieurs pièces disposées en croix, dont le pistil devient une silique à une seule loge, & il l’appelle chelidonium majus vulgare ; M. von Linné la nomme chelidonium majus, & la classe dans la polyandrie monogynie.

Fleur, en croix, composée de quatre pétales B, obronds, planes, ouverts, plus étroits à leur base. Le calice est divisé en deux folioles ovales, concaves, qui tombent avec les pétales. Du centre de la fleur s’élève une trentaine d’étamines C, & le pistil D.

Fruit, silique cylindrique, représentée ouverte en E, à deux valves, séparées par une cloison membraneuse, qui fait l’office de placenta ; elle est bordée de deux nervures auxquelles s’attachent alternativement les graines F.

Feuilles ; elles embrassent les tiges, par leur base, elles sont presque toujours à trois, ou à cinq découpures, quelquefois entières & à dentelures arrondies sur leurs bords ; les découpures, ou lobes supérieurs de la feuille, sont ordinairement plus grands que les intérieurs.

Racine A, en forme de fuseau, fibreuse, chevelue.

Port. Les tiges s’élèvent au milieu des feuilles ; leurs fleurs naissent du sommet, disposées en manière d’ombelles ; les fruits sont jaunes, & le suc de la plante l’est également.

Lieu. Les terreins incultes, les vieux murs ; la plante est vivace & elle fleurit pendant tout le printemps.

Propriétés. Le suc est âcre, piquant, un peu amer, ainsi que toute la plante. L’herbe & la racine sont regardées comme résolutives, apéritives, purgatives & fébrifuges. Les feuilles échauffent, augmentent médiocrement le cours des urines,