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causent souvent des coliques, maintiennent le ventre libre & purgent quelquefois. Elles sont utiles dans l’hydropisie, par lésion du foie, & dans l’obstruction récente du foie. Le suc exprimé des feuilles, sous forme d’injection ou de fomentation, favorise assez souvent la détersion des ulcères peu sensibles, sanieux & calleux. On lui a attribué la propriété de détruire les verrues excoriées, ce qui ne réussit pas souvent. L’usage de la racine, dans la colique néphrétique occasionnée par des graviers, n’est pas toujours accompagné d’un succès heureux, sur-tout s’il excite spasme ou disposition inflammatoire. Il faut beaucoup de prudence lorsqu’on administre l’eau distillée de la plante pour les maladies des yeux, & encore plus, si on se sert de son suc exprimé.

Usages. Les feuilles récentes se prescrivent depuis une demi-dragme jusqu’à une once dans huit onces d’eau ; la racine sèche depuis une demi-dragme jusqu’à demi-once dans cinq onces d’eau. On donne aux animaux la poudre de la racine à la dose de demi-once, ou bien infusée dans du vinaigre à la dose d’une once sur huit onces de vinaigre, pour être prise en deux fois.


CHEMINÉE, Physique, Économie domestique. Il est peu d’incommodité aussi cruelle, aussi fatigante qu’une cheminée qui fume. Autant une bonne cheminée est avantageuse, autant une mauvaise est désagréable : elle n’échauffe point l’appartement, parce qu’on est obligé d’y laisser traverser un courant d’air extérieur, toujours froid ; elle tourmente plus qu’elle ne sert à ceux qui veulent s’y chauffer. La fumée, ce fléau terrible par sa nature, pour les yeux délicats, dégrade bientôt tous les objets sur lesquels elle s’attache, elle les ternit & les enduit d’une espèce de vernis brun, que rien ne peut enlever. Comme elle n’est que le résultat de la décomposition du corps qui brûle, & qu’elle est un mélange des parties aqueuses, huileuses, terreuses & salines qui se dissipent, ses effets, soit sur nos yeux, soit dans nos appartemens, ne doivent point étonner. Dans la construction des cheminées de nos maisons de la ville, les soins & les dépenses que l’on multiplie pour les empêcher de fumer, réussissent quelquefois, mais le plus souvent le succès n’est pas heureux ; & la cheminée une fois construite, si elle fume naturellement, il sera presque toujours très-difficile, pour ne pas dire impossible, de remédier à cette incommodité. À la campagne, où les maçons sont plus ignorans, plus mal-adroits, le mal est bien encore plus grand ; il est peu de cheminées qui ne fument, sur-tout dans les maisons des paysans. L’habitude où ils sont, dès leur naissance, de vivre dans une atmosphère éternelle de fumée, fait qu’elle ne les incommode presque point ; mais est-ce une raison pour ne pas essayer de les préserver de cette incommodité ? Quelquefois le pouvoir de l’habitude, le mal qu’elle nous fait trouver léger, n’en est pas moins un vrai mal. Tâchons de le prévenir, & par quelques principes sûrs, essayons de guider le manœuvre qui veut construire une bonne cheminée, ou celui qui cherche à corriger les défauts d’une mauvaise.