Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

autres, ou plutôt le tout qui en résulte. La beauté du cheval résidant dans ce rapport, il faut, de toute nécessité, en observer les dimensions particulières & respectives : mais, pour acquérir une parfaite connoissance de ces proportions, nous devons supposer un genre de mesure qui puisse être indistinctement commune à tous les chevaux. La partie donc, qui peut servir de règle de proportion à toutes les autres, est la tête.

Mesurons-en la longueur entre deux lignes parallèles ; l’une tangente à la nuque, ou à la sommité du toupet ; l’autre tangente à l’extrémité de la lèvre antérieure : par une ligne perpendiculaire à ces deux parallèles, nous aurons sa longueur géométrale. Divisons cette longueur en trois portions, & assignons à ces trois portions un nom particulier, qui puisse s’appliquer indéfiniment à toutes les têtes, comme par exemple, le nom de prime. Une tête quelconque, dans sa longueur géométrale, aura par conséquent toujours trois primes ; mais toutes ces parties que nous aurons à considérer, soit dans leur longueur, soit dans leur hauteur, soit dans leur épaisseur, ne pouvant pas avoir constamment, ou une prime entière, ou une prime & demie, ou trois primes ; subdivisons donc chaque prime en trois parties égales, que nous nommerons secondes ; & comme cette subdivision ne suffiroit pas encore pour nous donner la mesure exacte de toutes les parties, subdivisons de nouveau chaque seconde en vingt-quatre points ; en sorte qu’une tête, divisée en trois primes, aura, par la première subdivision, neuf secondes, & deux cent seize points pour la dernière. Ainsi, lors que nous dirons une tête, nous entendrons toujours sa longueur géométrale ; lorsque nous prononcerons le mot prime, nous entendrons un tiers de cette même longueur ; lors que nous proférerons celui de seconde, nous entendrons la neuvième partie : enfin lors que nous dirons un point, ce point signifiera la deux cent seizième partie de cette longueur géométrale.

Mais la tête peut pécher par un défaut de proportion ; c’est-à-dire, qu’elle peut être trop courte ou trop longue, trop menue ou trop chargée, eu égard au corps du cheval. Dans ce cas, nous ne pourrons asseoir sur sa longueur géométrale les autres portions du corps : abandonnons donc cette mesure commune, compassons la hauteur ou la longueur du corps, partageons la hauteur ou la longueur en cinq portions égales ; prenons ensuite deux de ces portions, divisons-les par primes, secondes & points, conformément aux divisions & subdivisions que nous aurions faites de la tête, & nous aurons une mesure générale, telle que la tête nous l’auroit donnée, si elle eût été proportionnée.

Sans nous arrêter aux dimensions uniques, & à toutes celles qui ne concernent que les plus petites parties, voyons seulement en quoi consistent toutes les proportions générales.

Trois longueurs géométrales de la tête donnent la hauteur entière du cheval, à compter du toupet au sol sur lequel il repose, pourvu que la tête soit bien placée.

Deux têtes & demie égalent la hauteur du corps, du sommet du garrot à terre ; la longueur de ce