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d’abri contre les chaleurs ou les grandes pluies.


CHAPITRE V.

De la Génération.


Section première.

Des qualités de l’Étalon destiné à la propagation.


L’étalon doit réunir, autant qu’il est possible, toutes les qualités propres à son espèce, & être exempt de certains défauts qui la détériorent. Parmi ces défauts, il en est sur-tout qui doivent faire rejeter les étalons, parce qu’ils se perpétuent, se transmettent & sont héréditaires. De ce nombre sont tous les défauts de conformation dans les os, tels que le chanfrein renfoncé, la grosse ganache, la côte plate, la croupe avalée, les épaules serrées & chevillées ; le pied plat, les éparvins, les courbes, les jardons, les suros, & toujours le trop de volume des os ; la disproportion choquante des différentes parties, & tous les vices de méchanceté : un étalon naturellement hargneux, ombrageux, rétif, produit des poulains qui ont ce même naturel.

Parmi les bonnes qualités de l’étalon, nous exigeons donc qu’il soit grand, âgé de six ans, sain, relevé de devant, ayant la tête sèche, les oreilles déliées & bien situées, le front un peu convexe, les salières remplies, les yeux vifs, assez gros & à fleur de tête ; la ganache décharnée & peu épaisse ; les naseaux bien ouverts, la bouche médiocrement fendue, le garrot élevé & tranchant ; les épaules sèches & plates, le poitrail large, le dos uni, égal, les flancs pleins & courts, la croupe ronde & bien fournie, un bon poil ; le genou rond sur le devant, le jarret ample & bien évidé, les canons minces sur le devant, & larges sur les côtés ; le tendon bien détaché, le boulet menu, le fanon peu garni, le paturon gros, ni court ni long ; la couronne peu élevée, la corne noire, unie & luisante ; le sabot haut, les quartiers ronds, les talons larges & médiocrement élevés ; la fourchette menue & maigre, la sole épaisse & concave. Nous exigeons encore qu’il soit docile, ardent, agile, qu’il ait de la sensibilité dans la bouche, de la liberté dans les épaules, & de la souplesse dans les hanches.


Section II.

Qualités de la Jument.


Nous ne demandons point à la jument la perfection de l’étalon ; il suffit qu’elle ait de la beauté dans la tête, l’encolure & le poitrail ; qu’elle soit bien coffrée, afin que le poulain soit logé à son aise, puisse profiter, croître & s’étoffer ; de l’âge de trois ans au moins ; si elle en avoit plus, son fruit seroit plus parfait, se trouvant mieux formée & plus vigoureuse. En général, la jument doit être plus basse que l’étalon, & lui être assortie le plus qu’il sera possible ; on n’oubliera pas surtout de changer les étalons tous les quatre ou cinq ans, pour croiser les races, & de n’en jamais prendre de ces mêmes races, pour servir d’étalon dans le même haras.