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proprement ; d’ailleurs les exhalaisons qui s’en élèvent sont mal-saines. Si l’on est à portée d’une rivière, il faut les faire baigner journellement, pourvu toutefois que l’eau ne soit pas trop froide. Nous observons que les poulains élevés sur le bord des rivières, obligés de passer l’eau plusieurs fois le jour, sont plus gais & plus nerveux. À un an ou dix-huit mois, il est d’usage de leur tondre la queue, pour rendre leurs crins plus forts & plus touffus. Nous ne saurions approuver l’usage où l’on est dans certains pays, de couper tous les ans la crinière des poulains. Les crins, par cette opération réitérée, devenant plus épais, & la crasse s’amassant dans les plis du col, il en résulte l’espèce de gale, appelée roux-vieux. (Voyez Roux-vieux)


Section IX.

À quel âge doit-on séparer les Poulains mâles d’avec les femelles ? Du temps de châtrer les premiers & de les ferrer.


À deux ans, on sépare les poulains mâles des femelles de cet âge, parce qu’ils commencent à sentir leur sexe, sur-tout s’ils sont bien nourris ; & s’ils sont vigoureux, ils s’échauffent, s’énervent, & fatiguent inutilement les jumens pouliches.

Ceux qui sont destinés à être hongrés, ne doivent l’être qu’à deux ans & demi. Le printemps & l’automne sont les saisons les plus convenables à cette opération. (Voyez Castration) Le froid & la chaleur y sont contraires.

Les fers n’étant inventés que pour conserver la corne du sabot, & cette corne ne s’éclatant que par les marches & le travail, il est inutile de ferrer les poulains, tant qu’ils n’y sont point soumis. Les pieds en liberté se renforcent & prennent leur force naturelle. Nous voyons la plupart des pieds devenus défectueux par itne ferrure précoce, ou par les défauts de la ferrure. (Voyez Ferrure) Ainsi, les poulains peuvent rester jusqu’à trois ans, c’est-à-dire, jusqu’au temps où on commence à les dresser.


Section X.

Manière de dresser les Poulains.


On dresse les poulains, en leur mettant d’abord une selle légère & aisée, en les accoutumant à recevoir un bridon dans la bouche, & à se laisser lever les pieds. Tout cela exige de la patience & de la douceur : un moment d’impatience, des coups sont souvent capables de les rendre indociles. S’ils sont destinés à la selle ou au labour, on leur met une selle ou un harnois, sans bride ni pour les uns ni pour les autres ; on les fait trotter à la longe, avec un cavesson sur le nez, sur un terrein uni, sans les monter, & seulement avec la selle & le harnois sur le corps. Lorsque le cheval de selle tourne facilement, & vient volontiers auprès de celui qui tient la longe, c’est alors qu’il faut le monter & le descendre à la même place, sans le faire marcher, & cela jusqu’à ce qu’il ait atteint l’âge de quatre ans : c’est seulement à cet âge qu’on doit monter le cheval de selle, pour le faire marcher au pas, au trot, & toujours à petites reprises.

Quant au cheval de labourage, lorsqu’il est accoutumé au harnois,