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tithymales, & les différentes renoncules, sont autant de plantes qui, confondues avec les bonnes, détériorent totalement ce fourrage, & le changent en une nourriture très-nuisible & très-malfaisante. En un mot, le foin que l’on doit choisir, est en général celui dont les parties fibreuses ou vasculaires, à peine altérées dans le conduit des alimens, ne sont ni trop déliées ni trop fortes, dont la couleur n’offre point un noir ou brun, ou trop de blancheur, & dont l’odeur n’a rien de fétide, & est agréable.


Section II.

De l’Avoine.


L’avoine donne de la force & de la vigueur au cheval. La meilleure est celle qui est noire, pesante, luisante, bien nourrie, & non mélangée de mauvaises graines que certaines plantes y déposent, telles que le coquelicot, le sénevé, la nielle, &c. Celle qui n’est pas parvenue à son degré de maturité est aqueuse, flatueuse, peu nourrissante. On doit encore faire attention qu’elle n’ait pas souffert d’altération dans le champ ou dans le grenier. Dans le champ, si, après avoir été moissonnée, & y avoir été étendue, pour lui donner le temps de javeler, au moyen de la pluie ou de la rosée, elle a souffert une pluie trop abondante & de longue durée, de façon qu’elle soit en partie pourrie, & en partie germée ; dans le grenier, si, par la négligence qu’on a eue de la remuer, elle a fermenté, & est échauffée. Ses principes alors se développent ; une portion de son sel volatil s’exhale, son huile devient acide, rance, fétide, & elle tombe dans une espèce de putréfaction capable de donner au cheval, s’il la mangeoit, les maladies qui résultent d’une nourriture corrompue.


Section III.

De la Paille.


La paille, & sur-tout celle de froment, est un bon aliment, lorsqu’elle est blanche, menue, fourrageuse, c’est-à-dire, associée à de certaines plantes, telles que la gesse, la fumeterre, la percepierre, &c. La paille blanche doit être préférée à celle qui est grossière & noire, celle-ci étant plus dure, moins capable de réparer les déperditions animales, & assez souvent ayant une odeur qui répugne au cheval. La paille contenant le corps sucré, il ne faut pas s’étonner qu’on puisse nourrir les chevaux avec cette substance. C’est ce qu’on observe en Espagne, où tous les végétaux en général sont plus sucrés qu’en France, & par conséquent plus nourrissans. Quoiqu’en Provence & en Languedoc, la paille soit très-bonne, elle ne vaut point celle d’Espagne ; & en général, plus on approche du nord, & de tous les pays froids & humides, moins la paille a de corps doux, capable de nourrir. En Allemagne, on a soin de hacher la paille, & d’en faire la principale nourriture des chevaux. Aux heures de la distribution de l’avoine, on la mêle avec ce grain, qui en devient moins échauffant, en ayant toujours la précaution de mouiller légèrement le tout, pour éviter que le cheval n’en perde pas par son souffle la plus grande partie. Pourquoi ne suit-on pas en