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à fleurs, couverte de rosée, ou mouillée par la pluie. Elle occasionne ordinairement de fortes indigestions. Nous avons vu des chevaux & des bœufs enfler sur le champ ; les uns périr faute de secours, & les autres, par le défaut de connoissance des remèdes convenables. Ce n’est qu’en essayant d’en donner d’abord en très-petite quantité, & en la mêlant avec la paille, qu’on parvient à la faire manger avec quelque succès, & sans danger. L’estomac du cheval & du bœuf s’y habitue peu à peu.

Lorsqu’elle est présentée à l’animal sous la forme d’un fourrage sec, aussitôt après la fenaison, elle produit des effets sinistres, si on manque de la mêlanger avec une égale quantité de paille.

Une grande propriété de la luzerne est d’augmenter le lait de la jument, de la vache, & de servir au rétablissement des chevaux de labour, qui, à la suite d’un grand travail, tombent dans un amaigrissement total.


Section VII.

Du Sainfoin ou Esparcette.


Cette plante n’est pas d’un usage aussi périlleux : c’est un aliment très-nourrissant & échauffant. Soit que les tiges en aient été fauchées avant l’épanouissement des fleurs, soit enfin qu’elles l’aient été entre fleurs & graines, la ration n’en doit pas être cependant trop abondante : elle pourroit susciter, comme nous l’avons vu plus d’une fois à Pézenas, des coliques avec convulsion, qui se terminent par la gangrène des intestins.


Section VIII.

Du Trèfle.


Le trèfle ou triolet des prés est très-propre à engraisser le cheval. On le fait consommer en vert ou sec dans les écuries. S’il est mouillé par la rosée ou par la pluie, ou par les brouillards, il fermente dans l’estomac des animaux, & donne lieu à des indigestions, & à des tranchées semblables à celles que l’on a à redouter de l’usage de la luzerne. Le cheval en est si friand, qu’il le dévore, & que sa voracité, jointe à la quantité qu’il en mange, produisent des douleurs qu’il ressent : aussi ne doit-on lui en donner qu’avec modération.

Ce trèfle est moins succulent que le grand trèfle, autrement dit trèfle de Hollande. On administre celui-ci à sec & en vert, de la même manière que le vert d’orge.


Section IX.

De l’Orge en vert.


Le vert d’orge est aussi utile à de jeunes chevaux, qu’il est contraire à des chevaux poussifs, farcineux, morveux, & qui sont vieux.

On le donne en vert pendant un mois ou six semaines, & avant qu’il ait épié. Quand l’épi est sorti du fourreau, il provoque la fourbure. (Voyez Fourbure) Il faut le couper avant que la rosée soit dissipée ; il est certain qu’il n’en purge que mieux le cheval. On le lui distribue continuellement poignée par poignée, en observant de tremper au même instant chacune de ces poignées dans un seau d’eau. Quelques