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donné du grain ; il se récolte en juillet de l’année suivante. On a donc le temps nécessaire à la préparation du sol, soit pour le colza ou pour le blé qu’on sèmera après ; & loin de nuire à sa végétation, il engraisse la terre par le débris de ses feuilles ; en un mot, c’est alterner les terres, (voyez ce mot) & augmenter leur produit des deux tiers. Je ne veux pas dire pour cela, qu’il faille tous les deux ans planter le même champ en colza ; au contraire, il ne doit l’être que tous les quatre ans. Je le répète, cette méthode mérite d’être introduite dans toutes nos provinces où il pleut assez régulièrement dans le printemps ; elle seroit très-casuelle dans nos provinces méridionales, à cause de la rareté des pluies. D’ailleurs je ne puis encore parler d’après l’expérience.

Je n’entre ici dans aucun détail sur la manière d’extraire l’huile de cette graine. Au mot Huile, j’indiquerai les procédés nécessaires, & la manière de la dépouiller de son goût fort, & de son odeur désagréable.

Le colza destiné uniquement à la nourriture du bétail, se sème en juin, dans un champ préparé à cet effet : on peut commencer à cueillir les grandes feuilles en novembre ; mais il vaut mieux attendre que les autres fourrages verts manquent, ou soient couverts par la neige, & réserver ces feuilles pour le temps que le bétail ne peut sortir de l’écurie. Après l’hiver, l’on coupe les tiges à quelques pouces au-dessus de terre, & elles fournissent une seconde récolte de feuilles au printemps.


Chou en arbre, ou Chou chèvre. On le sème en pépinière en mars & en avril, dans le nord ; & on le replante, à la cheville, dès qu’il a cinq à sept feuilles. La terre doit être bien fumée, & profondément labourée. La distance d’un chou à un autre doit être de deux pieds en tout sens, & il exige quelques légers labours pendant l’été. Si l’année est un peu pluvieuse, la récolte des feuilles est très-abondante. Dans les provinces où l’on nourrit beaucoup de chèvres, beaucoup de vaches, & même des troupeaux, on voit des champs entiers couverts de ce chou. Il est distingué de toutes les autres plantes de son espèce, par son caractère vivace. Il n’a pas besoin d’être semé & replanté chaque année.


CHAPITRE IV.

Des ennemis des Choux, & des moyens de les détruire.


Le puceron &c le tiquet sont les ennemis du chou fleur. On croit les détruire en arrosant souvent, & faisant tomber l’eau de la grille de l’arrosoir sur les feuilles. Cette méthode produit peu d’avantages ; la nature a indiqué à l’insecte les moyens de s’y soustraire. Si l’eau est plus froide que la température de l’air, elle nuit à la plante ; si elle est à cette température, elle fatigue l’insecte, & ne le tue pas. Quelques rayons de soleil suffiront pour le sécher & ranimer ses forces.

Le tiquet fait beaucoup de mal dans les pépinières de chou. On a conseillé de remplir un tamis fin, avec de la cendre, d’en saupoudrer les jeunes plantes pendant la rosée, de manière que la cendre la plus fine les couvre. Il est clair que d’après cette méthode, le tiquet s’éloignera