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Ce seroit peu de chose, si la ponte des papillons étoit unique ; mais l’espèce dont je parle, se reproduit plusieurs fois dans un été, & par conséquent les choux sont plusieurs fois exposés à leur ravage. Les premiers papillons sortent de leur chrysalide, dès que la chaleur commence à renaître ; j’en ai vu même en février dans les provinces méridionales ; mais ils sont peu à craindre % parce que la fraîcheur des matinées punit bientôt leur sortie précipitée. La seconde race paroît en juin & juillet ; la troisième en septembre, Si leurs chenilles sont celles qui restent le plus long-temps en état de chenille. On ne doit donc pas être étonné si des champs entiers sont dévastés, & si les choux sont dévorés jusqu’à la côte.

Lorsque la chenille a éprouvé ses maladies, occasionnées par le changement de peau ; lorsqu’elle est à la brise, en cela semblable au ver à soie, elle ne mange pas, mais elle dévore pendant quelques jours, puis elle cherche le lieu qui doit lui servir de retraite pendant son état de chrysalide. Qui croiroit que souvent elle traverse plus de cinquante toises de terrein, pour gagner le mur d’une maison, sur lequel elle grimpe, & ne s’arrête que lorsqu’elle est arrivée sous le forget du toit où elle fixe sa demeure pendant l’hiver. Les chenilles des pontes précédentes sont moins coureuses, le premier arbre qu’elles rencontrent leur suffit. Elles prévoient qu’elles auront moins à souffrir de l’inclémence de l’air. Si toutes les chenilles de la dernière ponte, changées en chrysalide, se métamorphosoient au printemps en papillons, il seroit presqu’impossible de les détruire ; mais heureusement tous les oiseaux qui passent l’hiver parmi nous, en sont très-friands. Les moineaux surtout tirent grand parti des chrysalides fixées contre les murs. Les araignées même en sont très-avides.

Ce que je viens de dire des métamorphoses de cette chenille, s’applique, je pense, encore à deux autres espèces, à celle du papillon blanc veiné de vert. Il est tout blanc en dessus, sans taches ni points ; le bout de ses ailes supérieures est noirâtre. Il est moins commun que le précédent.

L’autre espèce est une phalène jaunâtre en dessus, dont les ailes couchées sur le corps, sont garnies de trois bandes transversales, d’une couleur fauve-pâle. Sa chenille a seize pattes, de couleur jaune un peu verte, avec six rangées longitudinales de petits points noirs, & quelques poils clair semés.

Comme je n’ai pas suivi aussi exactement la manœuvre de ces deux dernières espèces, je m’abstiens d’en parler.

Le puceron, malgré sa petitesse extrême, est encore un animal redoutable : son corps est vert, farineux ; il habite le dessous des feuilles, & le long des tiges encore tendres. J’ignore comment il se multiplie ; mais il se multiplie à l’infini en très-peu de temps. Armé d’un petit aiguillon, il cherche sa nourriture dans l’intérieur des côtes & des feuilles. Les plaies qu’il y fait sont si multipliées, & il absorbe une si grande quantité de sève, que les feuilles se fannent, se dessèchent & périssent. Dès qu’on s’en apperçoit, il faut, avec un bouchon de paille,