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la pelote qu’elle porte à ses jambes postérieures, & se redresser ensuite : les dents alors agissent l’une contre l’autre de droite à gauche, avec une vîtesse surprenante, & quand elles ont suffisamment broyé & mâché la petite portion de cire brute dont elles s’étoient saisie, elle tombe dans la bouche, & la langue par ses inflexions, la pousse vers l’œsophage, d’œil elle passe dans l’estomac..


Section III.

Quel est le laboratoire où l'abeille prépare la Cire, & comment l'en fait-elle sortir ?


La cire brute acquiert sa perfection dans le corps de l’abeille, où elle devient de la cire parfaite : son second estomac est le laboratoire destiné par la nature, à l’altération, digestion, & décoction de la poussière des étamines des fleurs, pour être changée en cire parfaite ; c’est-là où les principes de la vraie cire, qui se trouvent dans la matière première, sont analysés, combinés & réunis pour former de la cire ; il faut donc que l’abeille mange & digère la poussière des étamines des fleurs, pour construire ses édifices qui sont en cire.

Swammerdam qui n’avoit point découvert la bouche des abeilles, ne se doutoit pas que la poussière des étamines des fleurs fût convertie en cire dans leur estomac, ne connoissant d’autre ouverture pour conduire les alimens dans leurs corps, que celle qu’il supposoit au bout de la trompe : ces globules ne lui paroissoient pas de nature à y être introduits, quoiqu’ils soient extrêmement petits. M. Maraldi pensoit, ainsi que lui, que pour convertir la cire brute en cire parfaite, les abeilles y ajoutoient quelque liqueur, étant persuadés l’un & l’autre qu’il ne leur suffisoit point de la broyer & de la pétrir avec leurs pattes. L’observateur Hollandois, qui avoit remarqué au bout de l’aiguillon de l’abeille une goutte de cette liqueur venimeuse, qu’elle insinue avec son dard dans la piqûre qu’elle fait, se condenser, se durcir, & rester transparente, avoit soupçonné qu’elle avoit une qualité propre à changer en cire la poussière des étamines des fleurs ; il croyoit avoir fait des expériences favorables à son opinion ; il se pourvut en conséquence d’une quantité suffisante de cette liqueur, pour répéter son expérience en grand : comme il ne dit rien du résultat de cette dernière, c’est une preuve qu’elle n’a pas réussi comme il s’en étoit d’abord flatté.

M. de Réaumur a mêlé la cire brute avec du miel, & une autre fois avec la liqueur venimeuse ; toutes ces expériences n’ont pas eu le moindre succès : il a enlevé aux abeilles la petite pelote de cire brute qu’elles apportent attachée à leurs jambes postérieures, pour s’assurer si ce n’étoit point de la cire toute faite, il l’a pétrie entre ses doigts, sans que les grains de cette poussière ne soient jamais ramollis, ni devenus flexibles. Les ayant ensuite examinés à la loupe, il a reconnu que cette petite masse n’étoit qu’un assemblage de petits globules, dont chacun, malgré la pression, conservoit sa forme & sa figure. D’autres fois il a mis ces petites masses de cire brute dans une cuillère d’argent sur le feu ; elles ont conservé leur figure, se sont desséchées par la chaleur, ont été réduites en charbon, mais jamais