Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/375

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tance, ne doit sortir que sous la forme d’un excrément inutile. L’estomac qui travaille, & qui contient la cire, est capable de contraction, comme celui des animaux qui ruminent, & c’est par ce mouvement que la cire est renvoyée à la bouche. Lorsque l’abeille veut employer la cire qu’elle a en réserve dans son laboratoire, les diverses parties de son estomac, en se contractant, se rapprochent successivement du centre ; la cire qui s’y trouve contenue sous une forme liquide, étant comprimée, elle remonte & sort par l'œsophage ; & arrivée à la bouche, la langue, par ses inflexions, aide à sa sortie, & l’applique où elle est nécessaire.

M. Wilhelmi, en rendant compte à M. Bonnet, dans une lettre du 22 août 1768, des nouvelles découvertes de la Société Économique de la haute Luzace, rapporte qu’on avoit observé que les abeilles effluent la cire par les anneaux dont la partie postérieure de leur corps est formée. Cette société s’étoit convaincue de ce fait, en tirant avec la pointe d’une aiguille l’abeille qui travailloit en cire dans l’alvéole ; en lui alongeant le corps, on vit sous ces anneaux la cire dont elle étoit chargée, sous forme de petites écailles. M. de Hombostel, qui avoit fait la même découverte, n’hésite point à assurer que l’abeille produit la cire par transsudation ; ces petites écailles qu’on trouve sous les anneaux du corps des abeilles, sont les éclats de cire qui se trouvent aux parois des cellules, & qui se glissent sous les anneaux des abeilles, quand elles se retirent après avoir travaillé dans l’intérieur. M. Wilhelmi en est convenu dans sa réponse à la lettre de M. Bonnet, qui lui témoignoit sa surprise sur un fait de cette nature, en lui disant : « que M. de Réaumur avoit démontré que la cire sortoit de la bouche de l’insecte en forme d’écume, & que ce qu’il avoit vu & revu, étoit chose certaine. »

M. Arthur Dobbes, dans un mémoire qu’il a donné au Journal économique, du mois d’octobre 1753, pag. 163, prétend que la cire qu’emploient les abeilles pour bâtir leurs édifices, sort de leur corps par l’anus, & qu’elle n’est que le marc de la poussière des étamines, que les abeilles ont digérée, dont la partie la plus substantielle sort par la bouche, & est déposée dans les cellules pour servir de nourriture aux vers. Il a observé des abeilles se promener avec vîtesse sur un gâteau, & en battre la supercificie avec l’anus, en continuant cette manœuvre tant qu’elles avoient quelque chose à y déposer, & que d’autres les suivoient pour façonner avec leurs dents la matière que les premières y avoient laissée. Il témoigne de la surprise que ce fait ait échappé à M. de Réaumur, qui a fait mille observations pour découvrir comment les abeilles travailloient en cire. Mais comment M. Arthur qui croit avoir mieux vu que M. de Réaumur, n’a-t-il pas observé que les dents de l’abeille étoient en mouvement, & agissoient dès qu’elle avoit frappé la surface du gâteau avec l’anus, sans retourner en arrière pour travailler la matière qu’il assure qu’elle avoit déposée par cette voie il ne seroit point étonnant qu’il sortît par l’anus quelque goutte liquide dans le moment que l’estomac à cire, qui en est très-voisin, se contracte afin de renvoyer à la bouche, par ce mouvement de contraction, la matière dont il est