Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/381

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on mettoit les ruches deux à deux de front sur une charrette, en observant que l’ouverture fût en haut, ou de côté, si on en mettoit plusieurs les unes sur les autres. Arrivées à leur destination, il les logeoit de côté & d’autre, jusqu’à ce que la saison ne permît plus aux abeilles de travailler : alors il les ramenoit chez lui avec les mêmes soins qu’il avoit pris pour leur départ. C’est un fait connu de tout le monde.


Section VIII.

Des différens usages auxquels la Cire est employée.


La consommation de la cire est très-grande dans tous les pays. Le luxe l’a rendue d’une nécessité indispensable pour les besoins de la vie domestique & pour les arts ; outre la quantité immense de bougies qu’on en fait pour nous éclairer dans nos appartemens & pour brûler dans nos temples, la pharmacie la fait entrer dans presque tous ses onguens & dans quelques baumes ; la chirurgie en fait des anatomies qui ressemblent parfaitement à la nature, & qui épargnent à ceux qui l’étudient l’horreur & le dégoût qu’inspire la dissection des cadavres. Les arts de curiosité en font toutes sortes d’ouvrages, & l’emploient à nous représenter la nature des objets dans l’éclat de leur plus grande beauté, en leur donnant cet air de ressemblance & ce ton de fraîcheur, capables de réjouir agréablement notre imagination en trompant nos yeux. M. D. L. L.

La France ne produit pas le quart de la cire qu’elle consomme ; notre luxe, plus que nos besoins réels, paie à l’étranger une contribution, immense. Cependant, en moins de dix ans, le gouvernement pourroit mettre au pair le produit en cire du royaume avec sa consommation ; il ne s’agit pas de promettre & même de donner des gratifications, le paysan croit que son imposition sera augmentée en raison de la gratification qui lui aura été accordée ; dans combien de provinces n’a-t-on pas refusé de planter des mûriers distribués gratuitement par MM. les intendans ! la crainte a retenu ces plantations, & est encore un obstacle invincible ; il est ridicule, soit ; mais il n’existe pas moins, & j’en ai les preuves les plus claires.

À mon avis, le seul moyen qui me paroît efficace est une déclaration, du roi dont l’effet auroit lieu pendant dix ans, dans laquelle il seroit spécifié 1°. que tout taillable possesseur de dix ruches, chacune du poids de dix livres, déduction faite du bois, seroit exempt de taille d’un écu par ruche ; 2°. que le possesseur de huit ruches du poids ci-dessus énoncé, seroit exempt de quarante sols par ruche ; 3°. que ceux qui n’auroient qu’une ruche ou jusqu’à sept inclusivement, seroient exempts de trente sols par ruche ; 4°. que toutes ruches au-dessous du poids de dix livres, seroient réputées être de la classe de celles du N°. 3 ; 5°. que cette remise d’imposition ne pourroit être reversible sur aucune autre imposition, comme vingtièmes, capitation, logement de gens de guerre ; & avec une semblable déclaration, le propriétaire retiendroit la gratification dans ses mains, & ne seroit pas obligé de faire souvent des voyages infructueux dans la capitale de la province, ou auprès des subdélégués des intendans. Les frais de semblables voyages absor-