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& contre-buttant de part & d’autre, ainsi que la gravure le représentera au mot Cave. L’encaissement une fois fait, & bien assujetti, on coule le béton qui doit faire les murs de côté, & on a soin auparavant de bien nettoyer, de toute terre & autre ordure, la partie du béton du plancher qui doit porter les murs. Le même encadrage doit subsister sur les planches qui couvrent le béton du sol : sans cette précaution, celui des côtés presseroit sur le béton du fond, & il s’amonceleroit dans le milieu, au-lieu de rester dans son encaissement.

On aura à craindre ce refoulement, si le béton est trop noyé d’eau ; mais s’il est bien fait, c’est-à-dire, bien broyé, & d’une consistance que l’expérience seule apprend à connoître, on pourra couler la voûte de la citerne, ainsi que je l’ai dit, en parlant de celle d’une cave. (Voyez au mot Cave, la manière de construire cette voûte, Tome 2, page 608.) Si on veut éviter les dépenses qu’entraîne l’encaissement intérieur, ou noyau en bois, on peut ouvrir des tranchées, ainsi qu’il a été dit aussi au mot Cave ; & dans ce cas, après avoir enlevé le terrein qui faisoit le noyau, on bétonnera le fond, après avoir établi un fort corroi de glaise sur le sol.

La seconde manière de citerner utilement est de construire le fond, les côtés & la voûte en maçonnerie, dont le mortier sera moitié chaux, un quart sable fin & pur, & un quart pouzzolane. (Voyez ce mot) Cette terre volcanique n’est plus aussi rare en France qu’elle l’étoit autrefois, depuis qu’on sait que des volcans sans nombre ont calciné le sol d’une très-grande partie de nos provinces. La maçonnerie en pouzzolane s’exécute comme celle faite avec le mortier ordinaire ; mais l’ouvrier doit avoir grand soin que les pierres grosses & petites soient toutes bien noyées dans le mortier, & qu’il ne reste aucun vide entr’elles. Lorsque la citerne est finie, il ne s’agit plus que de recrépir les parois du mur par deux couches de ce mortier, données à huit jours de distance l’une de l’autre ; les bien unir, &, de temps à autre, repasser la truelle par-dessus, afin de boucher les petites gerçures, s’il s’en forme dans le mortier, en séchant.

Troisième manière de citerner. Si on ne peut se procurer de la pouzzolane, on bâtira en bonnes pierres avec le mortier ordinaire ; & à la place du sable, on substituera la brique, la tuile, pilées & passés à un tamis assez fin. Ce que l’on retirera du tamis, sera pilé de nouveau, afin qu’il ne reste aucun petit grain, surtout pour les trois couches de mortier, dont on doit revêtir la maçonnerie. Quelques auteurs conseillent de remplir d’eau cette citerne, afin d’examiner les endroits par où elle auroit pu fuir, de la vider ensuite, & de frotter tous ses parois avec du fort vinaigre. Je ne vois pas quel peut être son avantage. Il doit faire effervescence avec l’alcali de la chaux, (voyez Alcali) & des briques pilées, & décomposer la partie sur laquelle agit cette effervescence. Je préférerois passer une couche d’huile, lorsque le mortier est encore frais. Il absorbe cette huile, malgré l’eau qu’il contient, parce que cette eau étant très-alcaline, forme avec elle un savon, qui produit une espèce de vernis sur la couche exté-