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il est cuit, très-sain pour ceux qui ont besoin de rafraîchissement ».

C’est du pain à la citrouille, & rien de plus. Il vaut mieux manger le pain seul, & conserver ces fruits, ou pour l’assaisonnement, ou pour les bêtes.

La pastèque & la courge longue sont la base des fruits qu’on jette dans le vin cuit. Ils le rendent moins âpre que les poires, que les coins, & que les pommes : c’est la confiture des gens de la campagne. On mange la pastèque-melon d’eau ; sa chair est sucrée, un peu fade, remplie d’une eau douce & abondante, qui calme singulièrement la soif. La calebasse bien vidée de sa pulpe & de ses grains, lorsqu’elle est sèche, tient lieu de bouteille pour porter du vin dans les champs, & les jardiniers s’en servent pour renfermer leurs graines.

II. Relativement aux bêtes. Tout fruit de cucurbitacée, dont la pulpe n’est pas desséchée, fournit pour le bétail, une bonne nourriture d’hiver, & surtout pour les troupeaux, dès que la rigueur de la saison les prive de manger du vert : on les donne aux bœufs & aux moutons, coupés par morceaux, & il n’est pas à craindre qu’il en reste. On peut les donner également aux vaches, mais il vaut mieux les passer simplement à l’eau bouillante, & jeter dans cette eau quelques poignées de son, afin qu’elle ait un peu de consistance. Cette nourriture pâteuse entretient leur lait pendant l’hiver.


CHAPITRE V.

Des propriétés médicinales des Citrouilles, Courges & Pastèques.


Les semences triturées dans une grande quantité d’eau nourrissent très-peu, tempèrent la soif fébrile, celle occasionnée par de violens exercices, ou par des matières âcres ; elles favorisent le cours des urines, calment l’ardeur d’urine, & l’inflammation des voies urinaires : elles sont indiquées, i°. dans les maladies inflammatoires, avec chaleur âcre, ardeur d’urine sans météorisme, ni penchant des humeurs vers l’acide ; 2°. dans la colique néphrétique produite par des graviers ; 3°. dans l’insomnie, avec pouls fréquent, & agitation du corps ; 4°. dans la gonorrhée virulente. Un trop long usage des semences affoiblit l’estomac, rend la digestion plus lente, cause des renvois, & souvent des coliques. Toutes les semences des potirons, citrouilles & courges sont mises au nombre des quatre semences froides majeures. L’huile tirée par expression de ces semences en onction, relâche les tégumens & les adoucit.

La chair du melon d’eau calme singulièrement la soif, & on la prescrit dans les isles d’Amérique, dans les accès de fièvre avec ardeur, & dans toutes les maladies inflammatoires.

Pour faire l’émulsion des semences, prenez des semences récentes, desséchées & mondées de leur écorce, depuis demi-drachme jusqu’à une once ; triturez-les dans un mortier de marbre, ajoutez peu à peu de l’eau de rivière ou de source, ou l’eau de puits, mais filtrée, jusqu’à la quantité de huit onces, passés à travers un linge fin, & vous aurez une émulsion… On les donne pour boisson à la même dose, triturées & en décoction dans douze onces d’eau. L’huile tirée par expression des semences, à la