Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/428

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dessolure est bien souvent le moyen le plus sûr & le plus efficace pour avancer la guérison.

II. Clou de rue grave. Celui-ci, ou le second, est appelé grave, lorsque le tendon fléchisseur du pied a été percé dans le moment.

Traitement. Lorsque le tendon a été percé par le clou, il sort quelquefois de la sinovie par le trou, ou non. Le maréchal, pour s’assurer si le tendon est offensé, doit se munir d’une sonde ; s’il sent l’os, c’est une preuve que le tendon a été percé ; le plus court parti à prendre alors, est de dessoler l’animal. La dessolure faite, il faut emporter tout ce qui a été piqué dans la fourchette, & débrider, au moyen d’un bistouri dirigé sur la rainure d’une sonde cannellée, le tendon dans une direction longitudinale, & non transversale. L’opération finie, il convient de garnir sa sole, à l’exception de l’endroit de la plaie, avec des petits plumaceaux imbibés d’essence de térébenthine ; de remplir le dedans de la plaie avec ces mêmes plumaceaux, & de couvrir le tout de même. Cet appareil doit rester pendant trois jours sur la plaie : ce temps expiré, il faut la panser une fois tous les jours en hiver, & deux fois en été. Les plumaceaux, appliqués sur la sole charnue, ne seront levés que cinq à six jours après la dessolure, le maréchal ayant eu soin, pendant ce temps, de les humecter journellement, avec de l’essence dont nous nous avons parlé ci-dessus.

Une autre attention encore, de la part du maréchal, est de faire lever le pied de l’animal, très-doucement, à chaque pansement. Si, après dix-huit ou vingt jours de ce traitement, il n’y a point de soulagement ; si le cheval boite toujours de même, si le paturon s’engorge, il faut en revenir à la première opération, c’est-à-dire, à débrider la plaie jusqu’au paturon, de la même manière ci-dessus indiquée. Il est même avantageux de passer un séton qui traverse de la plaie au paturon, en imbibant la mèche avec l’essence de térébenthine. Il faut bien se garder de se servir, à l’exemple de certains maréchaux que nous connoissons, des onguens caustiques & corrosifs, qui, attaquant les cartilages de l’os de la noix, causent un plus grand mal, en rendant la maladie incurable.

Le tendon, une fois piqué, s’exfolie, & l’escarre tombe. « Les tendons piqués, dit M. Lafosse, ne s’exfolient pas de la même manière que les os : ce qui le prouve, c’est qu’après l’exfoliation du tendon lésé, l’animal reste quelquefois longtemps boiteux, tandis qu’après l’exfoliation de l’os blessé, il est parfaitement guéri, & marche sans boiter. »

Il y a un ligament qui unit l’os de la noix avec l’os du pied. Ce ligament peut aussi avoir été piqué : dans ce cas, on doit panser le cheval soir & matin, sans quoi ce ligament pourroit se gâter par le séjour de la matière.

Le clou a-t-il pénétré dans la partie concave du pied ? Il faut pratiquer une ouverture, afin de donner issue à l’esquille ; mais un moyen plus sûr encore, est de dessoler l’animal, de couper le bout de la fourchette charnue avec le bistouri, de la même manière ci-dessus rapportée, en évitant, surtout, de fendre le tendon, de crainte qu’il ne s’exfolie à l’endroit de son insertion ou de son attache.

L’artère située dans cette même