Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/451

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supérieure. On sait que l’air vicié, ou air fixe, (Voyez ce mot) est plus pesant que l’air atmosphérique, & par conséquent, qu’il occupe la partie inférieure ; mais, comme peu à peu ces couches augmentent, l’air se trouve souvent vicié, du plus au moins, jusque vers l’ouverture ; aussi, dans de pareils colombiers, on voit les pigeons faire leurs nids dans les boulins les plus élevés. Il y a un moyen bien simple de remédier à cet inconvénient ; c’est d’ouvrir un larmier sur le plancher du colombier, & à son niveau ; larmier qu’on fermera & ouvrira à volonté : alors l’air fixe ou vicié, plus pesant que celui de l’atmosphère, coulera, par ce larmier, dans le réservoir de l’air atmosphérique, comme l’eau, contenue dans un vase, coule, lorsqu’on l’incline ; & peu à peu l’air atmosphérique occupera sa place, & on établira ainsi une libre circulation dans l’air atmosphérique. Ce que l’on dit ici de la pesanteur de l’air vicié, paraîtra bien extraordinaire à ceux qui ne connoissent pas les expériences en ce genre ; mais ces phénomènes ne sont pas moins démontrés jusqu’à l’évidence. Plus la couleur des tuiles, des ardoises, &c. approchera du noir, & plus la chaleur sera forte dans le colombier ; & elle le sera encore plus, si le toit est recouvert en cuivre ou en plomb : cette excessive chaleur contribue singuliérement à la corruption de l’air.

II. De l’intérieur du colombier. 1°. Du sol du plancher. S’il est en bois quelconque, il sera bientôt percé à jour par les rats, & ces animaux sont les plus grands destructeurs des pigeons. Ils cassent les œufs, mangent les pigeonneaux dans le nid, épouvantent ceux qui dorment, parce qu’ils exercent leur cruauté pendant la nuit. Enfin, les pigeons, sans cesse tracassés, se dégoûtent du colombier, s’enfuient, & vont, dans un autre, chercher la tranquillité pour eux, & la sureté pour leurs petits. Je parle d’après l’expérience… Le plancher doit être carrelé, & le carreau enclavé dans la maçonnerie des murs de côté, sur deux pouces de profondeur, afin que les rats n’aient pas la facilité de fouiller entre le mur & le carreau. Le tout étant bien garni de mortier, lardé de petites pierres, on place, sur le devant, un carreau légèrement incliné, & de champ ; de sorte qu’il fasse la base du triangle, dont le carreau du plancher & le mur feront les deux autres côtés. Ce carreau sera également maçonné, & garni, par derrière, avec des pierrailles & du mortier : de cette manière, il est presqu’impossible que les rats & les souris puissent faire des trouées.

Du sol du plancher carrelé, jusqu’à la naissance des boulins, on laissera un espace de quatre pieds au moins, bien recrépi & bien lissé : j’ai vu de gros rats sauter plus haut.

2°. Des boulins. La forme des boulins varie suivant les provinces. Dans quelques-unes, on les fait avec des planches divisées par cases de huit pouces, en tout sens. Les uns les garnirent d’un rebord d’un pouce, & les autres n’en mettent point. La nature du bois varie suivant les endroits : le châtaigner bien sec est à préférer à tous les autres, attendu qu’il ne se déjette jamais ; le chêne vient après. Les bois sont sujets à se charger de vermine, qui fatigue beaucoup les pigeons. Les boulins, garnis