Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/492

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ordinairement hors des vaisseaux défîmes à les contenir ; il se forme alors des tumeurs dans les aponévroses, dans les ligamens & les tendons, des bosses à la tête, qui, négligées par le maréchal, produisent quelquefois des ankyloses, lorsqu’elles s’étendent jusqu’aux articulations.

Les contusions sont ou simples ou compliquées ; elles diffèrent encore entr’elles par les lieux qu’elles occupent, par les parties qu’elles intéressent ; & aussi en raison de la force & de la violence du corps contondant, & par la commotion qu’il produit dans tout le genre nerveux. « La seule pression de l’air, agité avec violence, dit M. Vitet, est capable de produire de fortes contusions : on a vu des boulets de canon, au milieu de leur course rapide, blesser ou tuer des chevaux sans les toucher, & sans laisser d’autres marques d’un effet si funeste, qu’une grande contusion. »

Il est certain que des affections de cette espèce menacent toujours d’un danger éminent, relativement à la grande commotion dont elles sont une suite, sur-tout lorsqu’elles intéressent les tégumens de la tête, puisque dans des contusions semblables, le cerveau est exposé à des épanchemens, ou à une inflammation qui emporte tout à coup l’animal.

Traitement. Les indications que l’artiste vétérinaire ou le maréchal, ont à remplir, consistent, 1°. à résoudre le liquide épanché ; 2°. à prévenir l’inflammation violente, la suppuration & la gangrène.

Si la contusion est légère, il suffit d’appliquer par-dessus des substances salines, telles que la dissolution de sel ammoniac dans l’eau commune ; si elle est récente, il faut employer les spiritueux, tels que l’eau de vie, &c. ; mais s’il y a commotion, plaie, & disposition à l’inflammation, l’eau de vie camphrée est à préférer. On ne doit point oublier, si le coup a été violent, de saigner l’animal à la veine jugulaire, de répéter même la saignée, si l’inflammation prend de l’accroissement, & de mettre l’animal au régime humectant & rafraîchissant ; mais lorsque l’épanchement du sang & de la lymphe occupe une grande étendue, & que l’on a à craindre des accidens violens, il ne faut pas seulement s’en tenir à la simple application des topiques prescrits, il faut encore se hâter de scarifier les parties, afin de prévenir des suppurations douloureuses, la gangrène, & peut-être même le sphacèle : les scarifications faites, on couvre la plaie avec des compresses imbibées de la décoction suivante.

Prenez feuilles de sauge, d’absynthe, de romarin & de sabine, une poignée de chaque ; coupez ces plantes bien menu ; faîtes infuser pendant une heure, dans environ deux livres de vin rouge bouillant ; coulez, ajoutez un verre d’eau de vie camphrée, trempez les plumaceaux ou les compresses dans cette liqueur, & couvrez-en la contusion, en les renouvelant d’heure en heure.

Dans les contusions accompagnées d’une commotion violente dans le systême nerveux, sur-tout dans le cerveau, on ne doit pas négliger de faire prendre en breuvage à l’animal, des remèdes actifs ; tels que la bétoine, la véronique mâle, la sauge, le romarin, la racine