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déplacer & aller se fixer dans le cerveau.

Les causes morales, sont les passions excessives, les mouvemens imprévus de joie & de terreur, les chagrins profonds, les méditations abstraites.

L’histoire ancienne & moderne fourmille d’exemples funestes, qui ont dû le jour à la violence des passions. Diagoras, voyant son fils vainqueur aux jeux olympiques, mourut de joie. Une dame romaine expira subitement de douleur, en apprenant la mort de son fils, tué à la bataille de Cannes : on a vu des personnes expirer, en peu de minutes, de joie & de colère.

On a attribué tons ces effets subits & effrayans, à la suspension de la circulation d’un fluide éthéré, que l’on dit couler dans les nerfs, & donner la sensibilité & le mouvement à toutes les parties de la machine humaine ; mais tout ingénieuse que soit cette hypothèse, il s’en faut de beaucoup que l’existence de ce fluide éthéré, magnétique ou phosphorique, soit prouvée.

Il est seulement constant, d’après l’observation, que, quelle que soit la cause qui comprime, qui dessèche, qui relâche, qui irrite ou qui détruit les nerfs dans leur principe, qui est le cerveau, ou dans leur marche ; il est constant, disons-nous, que les maladies convulsives sont les produits de ces différens agens. Il est encore prouvé que la foiblesse générale du corps ou de quelques organes, quelle qu’en soit la source, détermine l’apparition des maladies convulsives : les gens des villes y sont plus sujets que les gens de la campagne ; affoiblis dès le sein de leur mère, l’éducation molle & efféminée qu’ils reçoivent, & les différens vices de la société, auxquels ils sacrifient, ne font qu’ajouter à la foiblesse de leur constitution, & les disposent à toutes les maladies des nerfs : les gens de la campagne, plus robustes, à la suite d’une éducation rustique, ont des organes vigoureux, & bravent impunément, en général, les maladies nerveuses.

Les maladies convulsives sont toujours des maladies graves, tant par elles-mêmes, que par les suites qu’elles traînent après elles. Dans les violens mouvemens des convulsions, le resserrement des parties s’oppose à la libre circulation du sang & de la lymphe : ces fluides sont arrêtés, ils croupissent & s’altèrent, & il n’est pas rare de voir l’inflammation & la gangrène, être les produits des convulsions. C’est aussi d’après ces effets qu’on éprouve, à la suite des convulsions, des douleurs & des lassitudes dans les membres, jusqu’au moment pu la circulation a repris son cours ordinaire.

Lorsque ces maladies viennent de naissance, ou sont compliquées avec d’autres maladies, il n’y a point d’espoir de guérison ; lorsqu’elles sont accidentelles, c’est-à-dire, quand elles sont le produit des autres maladies, on peut espérer de les détruire, en combattant la cause qui leur a donné le jour.

Ces maladies sont toujours effrayantes, & ne sont pas toujours mortelles : si le malade est jeune & bien organisé, on les guérit aisément.

Dans les maladies quelconques, les convulsions qui ne durent qu’un