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feuilles & des pétales, nous a mis sur la voie ; marchons sur ses traces.

Si vous prenez, une feuille de rose, ou une pétale de pavot, & que vous la déchiriez de côté, vous remarquerez que rarement se fend-elle nettement, qu’au contraire elle se fend obliquement à son épaisseur ; de façon qu’à l’œil nu, vous pourrez facilement distinguer au moins trois parties ; l’écorce supérieure, l’écorce inférieure, & le parenchyme qui se trouve entre deux. Si, au-lieu de déchirer la feuille, vous enlevez une partie de cette écorce avec la pointe d’un canif, vous pouvez aisément en détacher un lambeau considérable. Appliquez ce lambeau sur le porte-objet d’un microscope, & examinez-le avec une loupe un peu forte ; le spectacle le plus superbe s’offrira tout d’un coup à votre vue : un réseau assez régulier, formant des mailles à plusieurs côtés, règne sur toute la superficie de ce lambeau d’écorce ; des vaisseaux transparens s’entrelacent & s’anastomosent pour le former, & sont adhérens, jusqu’à un certain point, sur une membrane extérieure, qui est proprement l’épiderme de la corolle. Cette adhérence avec l’épiderme, est plus forte qu’avec le parenchyme ; ce qui est cause que lorsqu’on écorce une pétale, le réseau cortical s’en va presque toujours avec le lambeau de l’écorce.

On voit, (Fig. 4, Pl. du mot Couches ligneuses) un morceau du réseau cortical de la corolle d’un pavot, vu à une très-forte lentille d’un microscope. Ce morceau a été détaché de l’écorce supérieure : on y distingue les filets ou vaisseaux transparens A, qui s’entrelacent & forment des mailles ; & les mailles B, ou intervalles remplis de petits corps sphériques transparens, qui sont des utricules. Ces utricules appartiennent-ils au réseau cortical, ou au parenchyme ? C’est ce dont l’observation la plus exacte ne m’a pas assuré : je crois cependant qu’ils appartiennent au réseau, & qu’ils font, dans l’écorce de la corolle, les mêmes fonctions que les glandes corticales sont dans l’écorce des feuilles.

Les mailles du réseau cortical de la corolle, du côté de l’écorce inférieure, sont plus serrées, & les fibres, qui les composent, beaucoup plus rapprochées. En général, elles sont alongées & étroites du côté de l’onglet ou de la base, & elles se racourcissent & s’élargissent en s’en éloignant. Ces mailles sont assez régulières dans presque toutes les fleurs, sur-toût dans les pétales de la citrouille, de l’althea, de la rose, de la balsamine, du géranium, de la giroflée, &c. Leur figure offre un hexagone régulier, excepté dans les dernières, où l’on remarque souvent des hexagones mêlés avec des rectangles, comme on le voit dans la Fig. 4, P. citée plus haut : elles sont fort irrégulières dans le souci & dans plusieurs mauves.

Dans toutes ces fleurs, dont une partie a été observée par M. Desaussure, & l’autre par moi, les côtés des mailles du réseau cortical sont rectilignes : il n’en est pas de même de celles de la bourrache & du chrysanthemum des jardins ; ces côtés y sont très-tortueux.

Les vaisseaux, qui forment les mailles du réseau cortical des pétales, sont transparens & sans couleur : rarement sont-ils d’un diamètre égal dans toute leur longueur ; ceux