Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/522

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Ce seroit peut-être ici le lieu d’expliquer le mécanisme admirable par lequel toutes ces différentes parties agissent mutuellement les unes sur les autres, & conjointement ensemble pour produire le premier acte de la végétation, & le principe de tous les autres, la germination, si la simple vue de ces deux parties suffisoit ; mais il est nécessaire de bien connoître auparavant toutes les causes premières qui donnent la première impulsion, & c’est au mot Germination, auquel nous renvoyons qu’elles doivent être placées naturellement. Cependant il est nécessaire, d’en avoir au moins une idée pour entendre ce que nous allons dire sur la seconde espèce des cotyledons ou feuilles séminales. La chaleur de la terre & l’humidité pénétrant à travers les trois enveloppes dont nous avons parlé plus haut, produisent une espèce de dissolution de la partie farineuse renfermée dans les lobes ; il s’établit bientôt une fermentation ; chaque molécule acquiert un mouvement, le développement s’établit, la vie commence, & le premier degré d’accroissement paroît par l’enflure des cotyledons. Le cordon ombilical, ou la réunion de tous les vaisseaux qui y sont disséminés, porte la nourriture & à la radicule & au germe. La radicule pousse hors des lobes ; & dans certaines espèces de graines, le germe ou la jeune tige s’élève vers la superficie de la terre défendue par les deux cotyledons, qui, sitôt qu’ils voient le jour, s’entrouvrent en devenant des espèces de feuilles d’une nature particulière.

II. Des cotyledons ou feuilles séminales. Il arrive deux phénomènes bien intéressans dans la germination d’une graine : ou toute la substance des lobes passe dans la radicule & le germe au moment des premiers developpemens, & après cette transmission, les organes & les vaisseaux des lobes se déssèchent & s’obstruent dès que la racine peut seule fournir à la nourriture de la jeune plante ; alors les cotyledons périssent dans la terre, & ne deviennent pas feuilles séminales : ou la racine ne tire pas d’abord assez de nourriture, & ne la prépare pas assez parfaitement, & alors, les cotyledons se chargent de cette fonction, ils élaborent les nouveaux sucs qui affluent dans leur substance par ces mêmes vaisseaux, par lesquels ils passoient auparavant des lobes à la radicule. L’accroissement se faisant insensiblement dans toutes les parties à la fois qui ont une vie, il a toujours lieu dans celles qui en jouissent d’un plus grand degré. Aussi la tige, qui réunit les lobes au germe, croît avec le germe, & sort de terre avec lui. La Figure 2 offre une tige de pois, telle qu’elle est dix à douze jours après que la graine a été mise en terre. A est la racine ; B la tige qui, dans la Fig. 1, est désignée par FD ; C sont les cotyledons hors de terre devenus feuilles séminales ; ED le germe, où l’on distingue déjà deux feuilles stables, & un petit bouton entre deux. Ces feuilles séminales ont été nommées par Grew, feuilles dissimilaires, à cause de leur différence constante & marquée avec les autres feuilles.

On peut connoître, au premier coup d’œil, une feuille séminale ou cotyledon, d’avec les autres de la même plante. D’abord elle conserve assez généralement une figure, qui a un très-grand rapport avec la forme