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centre de toutes ces couches, on remarque un corps spongieux, la moëlle, dont ces filets ne sont que des productions ; & l’écorce enveloppe le tout : mais, entre l’écorce & les couches dures, il s’en trouve toujours quelques-unes moins dures que les autres, & presqu’encore herbacées, qui portent le nom d’aubier. Dans la coupe horizontale d’un arbre, d’un chêne, par exemple, l’on distingue facilement cinq parties principales ; la moëlle, les couches ligneuses dures, les couches ligneuses tendres ou aubier, les productions médullaires, & l’écorce qui contient elle-même des couches corticales. Nous ne nous occuperons ici que des couches ligneuses, que nous considérerons par rapport à leur composition, à leur formation, à leur régularité & à leur excentricité.

§. I. Des parties qui composent les Couches ligneuses.

Le bois, proprement dit, est composé de quatre parties principales ; des vaisseaux lymphatiques ou fibres ligneuses, des vaisseaux propres, des trachées, de la moëlle & de ses productions médullaires. Toutes ces parties sont disposées circulairement autour d’un centre commun, occupé par la moëlle : mais quel est l’ordre que gardent entr’eux les trois espèces de vaisseaux dont nous avons parlé ? L’étude la plus exacte du règne végétal, l’anatomie la plus détaillée des individus qui le composent, n’ont rien offert de certain aux Malpighi, aux Duhamel, &c. Il est seulement constant que, dans chaque couche ou zone, on les remarque tous les trois à la fois, & l’intervalle sensible qui se rencontre entre deux couches coupées horizontalement, est plutôt indiqué par les cavités des utricules, que par l’absence des vaisseaux lymphatiques, propres ou aériens. Les fibres ligneuses s’élèvent depuis la racine jusqu’à l’extrémité de l’arbre, se distribuent dans le pédicule des fruits & des feuilles : il est très-facile de les distinguer. En coupant obliquement un morceau de bois, ou en le fendant dans sa longueur, on les voit se séparer d’elles-mêmes, comme de petits filets qui auroient été collés les uns contre les autres. C’est à cette disposition qu’est due la facilité de fendre le bois, suivant son fil, comme s’expriment les ouvriers.

Les vaisseaux propres, ceux qui contiennent le suc propre de l’arbre, montent parallèlement avec les fibres ligneuses auxquelles ils adhèrent fortement. Dans certains arbres, les vaisseaux propres sont confondus avec ces fibres ; dans d’autres, au contraire, sur-tout dans la classe des arbres résineux, les vaisseaux propres sont séparés des premiers, & forment une couche à part. On les reconnoît facilement à leur couleur, plus foncée que celle des couches des fibres ligneuses. Dans le temps que la sève & tous les sucs sont en action dans l’arbre, coupez une branche de pin ou de sapin, vous remarquerez aisément les gouttelettes de résine suinter circulairement d’entre les couches blanchâtres, dont on ne voit sortir aucune liqueur : leurs traces indiqueroient les orifices des vaisseaux propres. Mais que, de ces expériences on n’aille pas croire que, dans tous les arbres, cette disposition est la même ; nous sommes portés à croire, au contraire, d’après nos observations, que, dans les autres